De prime abord, on pourrait pressentir un conte pour enfants ou une tentative maladroite de de ressusciter le héros foudroyant des Pokemon. Mais si Pichu-Pichu est bel et bien électrisant et a des airs de fable, il ouvre un univers d'une profondeur musicale et d'une jolie malice qui sauront inciter les plus grands au voyage...
C'est à Sophia Charaï, "sorte de Rita Mitsouko orientale", que l'on doit cette expédition librement inspirée d'Almodovar au côté d'un personnage de travesti (la nuit) et footballeur (le jour), assez dégagé des codes sociaux, qui nous aide à voir à travers les murs des illusions et du mensonge, au-delà desquels seuls comptent la tendresse et l'amour qu'on porte aux êtres chers : "Tu m'as appris à regarder droit devant confiante et sereine et à fuir les artifices, on ne se ressemble pas mais tu pourrais être ma soeur, tu dansais pour les âmes perdues et aujourd'hui tu éclaires mes nuits plus fort que la lune".
Artiste accomplie, puisque, outre la chanson, elle se saisit volontiers du théâtre ou de la photographie, la Marocaine dévoile là le single-titre d'un nouvel album à paraître au mois de septembre, chatoyant de couleurs chaudes qui s'entremêlent dans une partition elle-même cosmopolite et transfrontalière.
Il suffit d'observer le band bric-à-brac (accordéon yougo, banjo déglingué, guitare manouche, contrebasse arménienne) qui dessine la toile de fond sur laquelle la voix grave et joueuse de Sophia dessine la contine pour s'en convaincre. Un "blues du bled" servi avec énergie bigarrée et glamour, à partager en live : après une démonstration au China en début de moi, Sophia Charaï sera à nouveau en concert à Paris ce 24 juin, au Réservoir Club, dans le XIe arrondissement.