Tahitigate : L'hôtel de ville de Paris perquisitionné, Anne Hidalgo confiante et "sereine"

Elle a allié plaisir et travail, en automne 2023, alors qu'elle se rendait à Tahiti. C'est cette île qui recevra toutes les épreuves de surf durant la période des Jeux Olympiques et c'est dans ce cadre qu'Anne Hidalgo s'est rendue sur place avec une délégation de la ville de Paris. Une fois ses missions professionnelles accomplies, durant une semaine en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti, la maire de notre capitale est restée deux semaines supplémentaires dans le coin pour des vacances privées. Elle en avait notamment profité pour rendre visite à sa fille Elsa Jantet-Hidalgo qui vit sur une île située près de Bora-Bora.

Dès son retour, Anne Hidalgo avait été attaquée, notamment à propos de son bilan carbone, mais aussi sur l'étrange longueur de ce déplacement et les fonds utilisés pour régler la partie privée de son voyage. Depuis le matin de ce mardi 5 mars 2024, des perquisitions ont lieu dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte en novembre 2023 pour "prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics", relative à ce fameux "Tahitigate" - rapporte le journal Le Monde. Les perquisitions ciblent les locaux de l'hôtel de ville de Paris et ses annexes, confirme une source judiciaire du journal Le Parisien, et elles sont menées par les enquêteurs de la BRDE en présence de magistrats du Parquet national financier.

Anne Hidalgo est accusée de "prise illégale d'intérêts" et de "détournement de fonds publics" mais la maire PS se dit "sereine et confiante quant à l'issue de ces investigations". La mairie de Paris a indiqué, via un communiqué, se tenir "à la disposition de la justice pour fournir tous les éléments nécessaires à la manifestation de la vérité. Ils permettront de démontrer une accusation sans le moindre fondement". Cette enquête survient à la suite d'une plainte d'une association anticorruption adressée au parquet de Paris puis au PNF, mais aussi à la suite de plusieurs signalements d'élus du conseil de Paris et de la région Ile-de-France. Revenue de Tahiti, Anne Hidalgo avait pourtant assuré qu'elle avait naturellement pris en charge les frais liés à son séjour privé ainsi que son billet retour pour rentrer en métropole.

Rappelons l'excellente enquête du magazine Entrevue dans son numéro de janvier 2024 :

Le magazine - repris depuis décembre 2023 par Omar Harfouch - explique, preuves à l'appui, que la femme politique de 64 ans en a également profité pour allier l'utile à l'agréable puisque après la partie professionnelle, elle s'est retrouvée avec son compagnon, Jean-Marc Germain pour quelques jours de vacances. Elle en a également profité pour voir fille, installée sur une île à 45 minutes d'avion de Tahiti, à Raiatea, près de Bora-Bora, où elle a suivi son mari qui y a été muté. Les détails de ce déplacement très controversé ont beaucoup fait parler dans la presse et plusieurs mois après, Entrevue a réalisé une enquête très précise en refaisant tout le périple pour tenter d'en savoir plus, notamment concernant le prix des billets de ce séjour où Anne Hidalgo est partie avec une délégation de 6 personnes.

Le déplacement a été pris en charge par la mairie de Paris. Pour ce qui est des billets d'avion, la mairie a annoncé un coût de 41 000 euros pour l'entièreté des passagers, assurant qu'il s'agissait de billets en classe économique. D'autre part, Anne Hidalgo ne peut pas se réfugier derrière ses miles (les attributions de réduction Flying blue), sauf si ce sont des miles acquis à titre personnel. En effet, depuis le 29 septembre 2023, les miles acquis sur les voyages officiels ne peuvent pas être déduits pour des billets personnels, d'après une note du Sénat signée par les questeurs.

D'après l'enquête réalisée par nos confrères, qui ont sollicité "des devis auprès des principales agences de voyage en ligne", le montant total d'un trajet entre Paris et Nouméa reviendra à environ 3500 euros par personne, ce qui représente un montant total de 22 000 euros, bien en dessous de celui indiqué par la Ville de Paris. Une différence de prix qui fait dire à Entrevue qu'Anne Hidalgo et ses équipes auraient certainement voyagé "dans le confort de la classe affaire", tandis que les collaborateurs auraient été placés en classe économique. En fait, c'était la classe Premium.