De retour sur la scène médiatique près de 4 mois après le buzz de Mommy au dernier Festival de Cannes – où il avait glané le Prix du Jury –, Xavier Dolan se prête au jeu des confidences. Dans une interview accordée à Télérama, dont il fait la couverture, le jeune cinéaste québécois se raconte : sa déception à Cannes, son rapport à la célébrité, la peur d'être oublié... et sa jeunesse.
Sans évoquer sa sexualité – qu'il découvrait au coeur de son adolescence –, le talentueux réalisateur et acteur s'est souvenu de son rapport avec sa mère. "Avec elle, ça n'a pas toujours été facile", assure l'intéressé. Il conte alors ses années de pensionnat, sa solitude, et l'indifférence de sa maman : "Après la séparation de mes parents, j'ai passé le plus clair de mon temps dans des pensionnats. Entre 7 et 11 ans, c'était plutôt une expérience plutôt heureuse, en pleine nature. En revanche, de 12 à 14 ans, j'étais dans un établissement glauque et agressif [...] Ma mère pensait que c'était mieux pour moi que je ne sois pas à la maison. Mieux pour elle, surtout."
"C'était horrible d'y retourner chaque dimanche soir, se remémore le jeune homme. Je garde un souvenir de ma mère insensible dans ces moments de séparation. Et, plus tard, elle m'a envoyé vivre chez son frère... Avec le temps, elle s'est excusée. C'est derrière nous. J'ai la paix avec ça." Quant à son père (qui apparaît dans quelques-uns de ses films), il évoque "une brouille passagère" avant de raconter une séquence d'une longue discussion téléphonique. "Il a terminé en me disant : 'Tu penses sûrement qu'à l'avenir tu auras le temps de me voir, de dîner avec moi, et qu'on passera de bons moments ensemble. Mais moi, hier, j'avais 25 ans, comme toi aujourd'hui, et je chantais dans un cabaret du Vieux Montréal. Puis j'ai compris que la seule chose que l'on n'a pas dans la vie, c'est du temps.' Je lui répondu : 'Moi, je ressens ça depuis toujours.'"
Aujourd'hui épanoui dans son métier, Xavier Dolan s'apprête à voir son cinquième film sortir en France. A 25 ans, celui qui se nourrit de rêves vit aussi de quelques regrets. Notamment celui de ne pas avoir remporté la Palme d'or. Mais attention, Dolan n'est pas rancunier et il n'a pas la prétention de dire que cette Palme lui a été volée (bien que promise par la presse unanime). "J'avoue avoir éprouvé de la déception. J'avais rêvé de rester dans l'histoire comme le plus jeune cinéaste palmé et c'est désormais impossible", assure celui qui voulait "être le héros qui rapporte au Québec, et même au Canada tout entier, sa première Palme d'or". Fort heureusement, s'il ne peut pas être le plus jeune palmé, il peut encore glaner le fameux graal cannois. "De façon assez romantique, ma déception était, aussi, la peur de ne plus revenir à Cannes. D'être déjà mort dans trois ans", ajoute le jeune garçon.
Après son prix, ému, il avait déclaré vouloir prendre une pause, s'éloigner du cinéma pour reprendre ses études. "Je n'ai jamais vécu ma jeunesse, je ne suis jamais allé à l'école. J'ai arrêté à 17 ans et j'ai eu une éducation de merde", avouait-t-il aux Inrocks (édition du 20-26 août), dont il faisait également la couverture.
Mommy, dans nos salles le 8 octobre.