La propriété de Miraval est, pour les fans des Brangelina, le lieu romantique de leur mariage intimiste en août 2014. Un bijou du Var entièrement retapé par le couple, moyennant plusieurs millions d'euros venus s'ajouter aux 45 qu'ils ont déboursé en 2008 pour s'offrir ce fabuleux domaine. Dans le Libération du jeudi 17 août, Odile Soudant raconte comment elle a fait condamner Brad Pitt et revient sur l'enfer qu'elle a vécu en travaillant au service du mari d'Angelina Jolie.
L'histoire commence en décembre 2010, lorsqu'elle rencontre pour la première fois l'acteur de Fight Club et de World War Z. Ce dernier, fan d'architecture et notamment du travail de Jean Nouvel, veut tout particulièrement capter l'essence de la lumière provençale et en exploiter le moindre rayon pour illuminer sa demeure. Pour cela, il fait appel à Odile Soudant, une plasticienne reconnue qui a dirigé pendant dix ans le département Lumières du cabinet d'architectes de Jean Nouvel. "Il voulait en faire un lieu exceptionnel et considérait que la lumière devait être au centre de tout", se souvient Odile.
L'artiste a alors carte blanche. Pendant deux ans, tout se passe à merveille. Elle emploie 17 personnes pour le projet, chaque facture est payée immédiatement bien qu'aucun contrat n'ait été signé. Au printemps 2013, après plus de 25 millions dépensés pour les travaux de Miraval, les choses se compliquent car les problèmes techniques s'enchaînent, créant des tensions palpables entre les différentes parties. Quand Brad Pitt cherche à faire évaluer le montant du chantier, l'assistant à la maîtrise d'ouvrage chiffre à 4,9 millions d'euros les frais facturés par la plasticienne. La cour d'appel démontrera que ce montant est largement supérieur aux prestations réellement facturées par Lumières Studio, la société d'Odile Soudant, et jugera même que les retards accumulés sur le chantier sont imputables à la seule maîtrise d'ouvrage et non à l'artiste française. Mais Brad Pitt ne veut plus rien entendre. "C'est criminel. Plus aucun paiement supplémentaire", lâche-t-il.
L'histoire ne s'arrête pas là. Brad Pitt continue à faire appel à la société de Soudant, qui n'est à l'époque pas au courant des échanges entre la star et le maître d'oeuvre. Elle avance donc les sommes nécessaires pour payer ses employés et ses fournisseurs... jusqu'à épuisement. "Brad, on travaille 24 heures sur 24 mais on a quasiment arrêté les commandes depuis trois jours à cause du manque d'argent. Nous n'avons pas été payés depuis le 15 décembre", alerte-t-elle en février. Les semaines défilant, la situation empire pour Odile qui, dans l'incapacité de payer ses employés et ses sous-traitants, est obligée de mettre en demeure la société écran luxembourgeoise propriétaire du château de Miraval. Excédé, Brad Pitt réagit : "Je ne sais pas comment ça se passe en France, mais aux États-Unis, les amis n'attaquent pas les amis. Je n'ai été rien d'autre qu'un fan de ton travail. N'attaque pas. Finissons ce projet et soyons-en fiers. Le travail est trop bon pour se quitter sur une mauvaise note. La vie est trop courte, mon amie."
Je ne peux même utiliser ma carte bleue. Je suis en train de couler ma boîte
Mais Odile Soudant ne l'entend pas de cette oreille. "Je ne peux même utiliser ma carte bleue. Je suis en train de couler ma boîte. Je ne te demande pas de tout payer, mais au moins une partie. (...) Sans une solution rapide, les conséquences seront catastrophiques pour nous deux", tente-t-elle d'expliquer à l'acteur. Ce dernier lui assure avoir versé une partie de la somme, mais lui interdit dans la foulée l'accès à Miraval. Pire, il débauche une ex-employée d'Odile, ce qui est assimilable à de la contrefaçon, passible de poursuites pénales. Placée en redressement judiciaire, Lumières Studio doit 800 000 euros d'arriérés à l'Urssaf, ce qui l'empêche de répondre à de nouveaux appels d'offres de marchés publics.
Et la jeune artiste doit également gérer un autre dossier chaud : la question des droits d'auteurs sur ses installations. Du côté du comédien, on n'en démord pas : "Les idées des luminaires venaient principalement de Monsieur Pitt lui-même, qui est un passionné d'architecture et savait ce qu'il voulait."
Fin février 2017, lorsque Guerlain publie un clip réalisé par Terrence Malick mettant en scène Angelina Jolie dans la propriété de Miraval, Odile Soudant y voit une fenêtre de tir. Un plan montrant l'escalier baigné de lumière dont la conception lui revient est une aubaine pour la jeune femme qui va faire valoir son droit d'auteur. Son avocat vient donc d'adresser donc une mise en demeure au parfumeur.
Entre-temps, Odile a fini par avoir raison de Brad Pitt, clame Libé. La cour d'appel de Paris a condamné le couple hollywoodien à lui verser 565 000 euros, dont 60 000 au titre d'atteinte à l'image et à la réputation. Le tout après trois ans de procédure. "Brad Pitt a coulé ma boîte et s'est approprié mon travail", assène Odile Soudant qui ne compte pas en rester là, peu importe que les Brangelina soient ou non embourbés dans leur divorce.