Palme d'or du dernier Festival de Cannes, Justine Triet est depuis sous les feux des projecteurs. D'abord en raison de son oeuvre, acclamée de façon quasi unanime dans la presse, mais aussi en raison de son discours lors de la remise de son prix, durant lequel elle a créé la polémique en s'attaquant au gouvernement, la réforme des retraites et la préservation de cinéma d'auteur. Alors que son film a débarqué dans les salles le 23 août, la réalisatrice française de 45 ans est revenue sans tabou sur ses propos, qu'elle assume et précise, mais aussi sur son passé. Une enfance particulière qui a dessiné la femme qu'elle est aujourd'hui.
"J'ai une histoire de famille complexe", dira Justine Triet dans les colonnes de Paris Match. "Pour faire court, mon père a eu trois femmes, on vivait à Paris mais nous passions régulièrement du temps dans une communauté... J'ai deux demi-frères, que ma mère a élevés parce que leur mère était internée... C'était assez intense." Un cadre familial qu'elle décrit comme marginal, voire hors norme. Pas facile d'être une petite fille quand ses parents sont qualifiés de "bizarres", mais le cinéma, auquel sa mère l'a initiée très tôt, lui a permis de s'évader.
Avec pudeur et sincérité, Justine Triet replongera aussi dans son enfance pour Les Inrockuptibles, précisant cette fois que ses parents étaient bouddhistes. "Mon père était un type mystérieux. (...) J'ai grandi dans la mythologie de ce qu'il avait vécu enfant. Et je me confrontais sans cesse à des versions différentes..." Elle confie avoir fait une crise d'adolescence tardive, à 27 ans, et révèle une épreuve : l'internement de son frère lorsqu'elle était aux Beaux-Arts : "Il subissait des traitements très lourds. Je me suis retrouvée subitement projetée dans l'univers très violent de la psychiatrie. Ça a été un moment de positionnement de chacun et un grand bouleversement."
Aujourd'hui grande cinéaste, en couple avec Arthur Harari avec qui elle a écrit le film et mère d'une fille de 10 ans, Justine Triet pose un regard puissant sur l'humain, le couple plus précisément, et le décortique comme peu de gens réussissent à le faire. Son Anatomie d'une chute a attiré plus de 4000 personnes à Paris et en périphérie avant 14 heures le jour de sa sortie, promesse d'un beau démarrage.
Anatomie d'un chute, en salles depuis le 23 août 2023 au cinéma.