La date du 13 novembre devait être un moment de recueillement et de commémoration pour les victimes des attentats de 2015 et leurs proches mais cette année, avec l'approche des élections présidentielles, c'est un spectacle de phrases choquantes qui se déroulent, chacun cherchant à attirer l'attention médiatique. Dans ce jeu-là, deux personnalités politiques ont défrayé la chronique : Raquel Garrido et Eric Zemmour.
L'ancienne porte-parole de La France Insoumise et actuelle conseillère régionale et municipale Raquel Garrido était sur le plateau de BFMTV ce 13 novembre 2021. Elle réagissait aux propos d'Eric Zemmour, candidat putatif à la présidentielle qui a choisi d'accuser l'ancien président de la République François Hollande de savoir que des attentats allaient avoir lieu et de n'avoir rien fait. Face à une Judith Waintraub stupéfaite, l'avocate et femme d'Alexis Corbière a déclaré : "Les familles ont fait des efforts incommensurables pour participer au procès, pour trouver en eux la force de témoigner, de rendre hommage à leur mort, de trouver le chemin vers la réconciliation, y compris avec les terroristes eux-mêmes et les personnes qui sont poursuivies."
Des paroles qui ont choqué les téléspectateurs et téléspectatrices, ils ont exprimé sur Twitter leur indignation. Raquel Garrido assume ses propos et a détaillé sa position en réaction à un tweet d'Eric Naulleau, son collaborateur sur l'émission Balance ton post - avec qui la relation est plus que tendue - et qui est aussi le complice télévisuel de longue date d'Eric Zemmour. Elle écrit ainsi : "Contre-feu pathétique du meilleur ami de Zemmour, profanateur de sépulture. Lisez les témoignages des victimes au procès des attentats du 13 nov 2015, notamment @GeorgesSalines, auteur d'un livre avec le père d'un assassin de sa fille. L'humanité est plus forte que la barbarie."
Eric Zemmour n'a évidemment pas tardé à réagir à la position de Raquel Garrido sur Twitter en affirmant, face à l'avocate qui "veut la réconciliation avec les terroristes", que lui "veut la victoire sur le djihadisme" : "Nous ne sommes pas du même côté de la ligne de front."
Peu avant, c'est le polémiste notoire qui était à la une de tous les médias. Eric Zemmour avait dans un premier temps affirmé lors d'un déplacement à Bordeaux que François Hollande "savait qu'il y aurait des terroristes" et a "préféré que des Français meurent plutôt que d'empêcher des migrants de venir en France". Sur le lieu-même du drame du 13 novembre 2015, l'ancien éditorialiste avait alors déclaré, devant les gerbes de fleurs déposées à la mémoire des victimes de la tragédie, que l'ancien chef d'État avait pris "une décision criminelle en laissant les frontières ouvertes" : "J'ai simplement repris ce qu'avait dit l'ancien président qui a dit lui-même qu'il savait que des terroristes seraient infiltrés parmi les migrants, et il n'a pas arrêté le flot. J'ai simplement dit que c'est ce qui est arrivé."
Face à ces propos suscitants l'indignation, BFMTV a donné la parole aux premiers concernés à travers la voix de Life for Paris, association de victimes des attentats du 13 novembre 2015
Refusant être instrumentalisés et de faire l'objet de récupération politique, les victimes et leurs proches ont déclaré ne pas vouloir être le marchepied d'Eric Zemmour. Quant à François Hollande qui a récemment témoigné lors du procès des attentats, il a aussi réagi aux accusations du probable candidat. "Je demande à ce que chacun, chacune, soit à la hauteur de ce que ces parties civiles, ces victimes expriment: non pas un besoin de vengeance, mais un besoin de justice, non pas le souci de la division et de la surenchère, mais la vérité et la clarté tout en étant l'unité à l'esprit", a-t-il solennellement dit sur le plateau de BFMTV.