Affaire du Carlton : Une escort-girl raconte sa nuit avec Dominique Strauss-Kahn

Nouvelles révélations dans l'affaire du Carlton de Lille qui éclabousse Dominique Strauss-Kahn : les journalistes François Vignolle et Azzedine Ahmed-Chaouch ont mis la main sur le témoignage de Florence V. Elle est l'une des deux escort-girls qui ont accompagné à Washington, du 11 au 13 mai, le commissaire Jean-Christophe Lagarde, chef de la sûreté départementale du Nord, David Roquet, dirigeant d'une filiale du groupe BTP Eiffage, et Fabrice Paszkowski, gérant de société et militant socialiste. Tous les trois ont été mis en examen pour proxénétisme aggravé, recel d'abus de biens sociaux et/ou escroquerie. Seul le grand flic Jean-Christophe Lagarde n'a pas été incarcéré, il est en liberté sous contrôle judiciaire. Florence V. est un témoin capital : "C'est l'une des deux femmes que tout le monde cherchait car elle a vu beaucoup de choses", confirme un bon connaisseur du dossier à Lille aux journalistes Vignolle et Ahmed-Chaouch.

Dans leur article publié sur le site M6 & MSN actualités, les deux journalistes reviennent sur ce voyage à Washington, juste avant l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York dans l'affaire du Sofitel. Officiellement, DSK souhaitait consulter Lagarde sur des questions de sécurité intérieure. Florence V. a été présentée, ainsi que l'autre "accompagnatrice", comme une secrétaire d'Eiffage. Elle précise par ailleurs qu'elle ne se considère pas comme une prostituée, mais comme "une libertine". "Nous nous sommes rendus le 12 mai au W Hôtel", a-t-elle déclaré durant son audition. Dans ce quatre étoiles en plein coeur de la capitale américaine, Florence V. affirme avoir passé la nuit avec DSK, qu'elle avait déjà rencontré en France. Elle le trouve "agréable et très charismatique" et qualifie leur relation de "tout à fait consentie" : "C'est un libertin qui assume. Il n'a pas été violent avec moi."

La jeune femme, âgée d'une trentaine d'années, est sans profession et vit dans une petite ville d'un millier d'habitants de la banlieue de Valenciennes. Elle partage une maison avec son compagnon, Ludovic L., négociant d'automobiles. Pour cette escapade à Washington, Florence V. est restée floue quant à la somme perçue. Elle affirme néanmoins avoir été payée en liquide par l'un des deux entrepreneurs. Pour DSK, c'est là que tout se joue. Pour l'heure, la justice le considère uniquement comme un simple participant à ces soirées libertines, voire un client de prostituées, ce qui ne constitue pas un délit. En revanche, comme Jean-Christophe Lagarde, il pourrait être poursuivi pour recel d'abus de biens sociaux s'il savait que ces deux femmes étaient rémunérées avec l'argent détourné par David Roquet et Fabrice Paszkowski, et que les voyages et hôtels avaient été réglés par différentes sociétés ! C'est une ligne jaune que la justice peut franchir, car nul n'est censé ignorer la loi.

Dominique Strauss-Kahn a demandé, dès que son nom a été mélé a cette nouvelle affaire, à être "entendu le plus rapidement possible par les juges" en charge de l'enquête afin que "soit mis un terme aux insinuations et extrapolations hasardeuses et (...) malveillantes". Aujourd'hui, il n'a toujours pas été entendu, il est même d'après nos informations parti hier, seul - sans son épouse Anne Sinclair... -, à Marrakech, en début d'après-midi !

Ce voyage à Washington s'est terminé la veille du scandale du Sofitel à New York. Après avoir été emprisonné, DSK et son épouse Anne Sinclair trouvaient refuge, pour 50 000 dollars par mois, dans une luxueuse maison du quartier de TriBeCa en plein coeur de Manhattan. La résidence est aujourd'hui en vente pour une somme avoisinant les neuf millions d'euros. D'autre part, la maison que le couple occupait à Washington durant trois ans, alors que DSK était directeur général du Fonds Monétaire International, vient d'être mise en vente. Située dans le quartier chic de Georgetown, cette demeure de 263 m2 compte trois chambres et autant de salles de bains ainsi qu'une piscine. Washington Fine Properties affiche la maison à 5,2 millions de dollars, soit 30% de plus selon l'AFP que les 4 millions payés en octobre 2007 par Anne Sinclair.