Il y a trois ans et demi, sa vie a changé : alors ministre de la Santé depuis plusieurs années, Agnès Buzyn entend parler, début 2020, d'une grippe inhabituelle qui vient de Wuhan, en Chine. Inquiète, elle voit "arriver le tsunami" que l'on appellera plus tard Covid-19 ou Coronavirus... mais est emportée, elle aussi, avec ce tsunami.
En effet, ses tentatives de rassurer la population alors que tout la pousse à avoir peur elle-même la transforment en cible pour les critiques sur les réseaux sociaux, des critiques parfois très virulentes qui la laissent complètement épuisée selon ses confidences dans son nouvel ouvrage, Agnès, tu as fait peur au Président, dans lequel elle n'épargne pas vraiment Emmanuel Macron et l'ex-Premier Ministre Edouard Philippe, et à nos confrères de Paris Match.
Expliquant qu'elle a parfois "pensé en finir", elle n'a pas oublié qu'on "rit d'elle" en voyant une vidéo où ses "propos sont tronqués". Et se met à écrire pour chasser ses "pensées suicidaires" mais aussi pour ses trois fils (Raphaël, Lucas et Alexandre, ndlr), pour qu'ils ne la voient pas comme "la sorcière qui empoisonnait l'eau du puits", mais qu'ils se souviennent de ses actions.
"La pire décision de ma vie"
Surtout qu'à cette époque, elle prend une autre décision, qu'elle qualifie aujourd'hui de "pire regret de sa vie" : accepter de remplacer au pied levé Benjamin Griveaux pour sa candidature à la Mairie de Paris. A partir de ce moment, selon elle, elle n'a "plus son mot à dire" et ne peut plus gérer la crise comme elle pensait le faire.
"Je n'ai pas oublié cette période-là", confie-t-désormais celle dont le fils Lucas a épousé Nelly, fille d'Emmanuelle Béart et Daniel Auteuil. Qui, au plus fort de la pandémie, va prendre une décision forte : retourner à l'hôpital militaire pour gérer "le flot ininterrompu de patients". "J'avais besoin de me rendre utile, de garder la tête haute", explique-t-elle aujourd'hui.
Désormais, l'ex-ministre a rejoint la Cour des Comptes après un passage à l'OMS. Alors, pourquoi régler ses comptes ? Pas par vengeance, en tout cas. "Ce qui m'anime, est ce magnifique poème de Rudyard Kippling, 'Tu seras un homme, mon fils' qui dit : 'Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie. Et sans dire un mot te mettre à rebâtir, [...] si tu peux supporter d'entendre d'entendre tes paroles travesties par des gueux pour exciter les sots [...] tu seras un homme mon fils'", a-t-elle notamment confié à Paris Match. Et on espère que cette période va rapidement être loin d'elle...