Purepeople : Tu as appelé ton livre La Grosse. Pourquoi avoir choisi un titre aussi "brutal" ?
Ariane Séguillon : Parce que c'est brutal de se faire traiter de grosse ou de gros toute la journée, toutes ces phrases qui ressortent sans cesse ! Je voulais quelque chose qui image cette grossophobie qu'on peut vivre au quotidien. Je n'ai eu aucune hésitation. J'aurais pu l'appeler Seule dans ma tête, mais ça aurait été un autre livre...
Pourquoi avoir caché, aussi longtemps, que tu as eu recours à une sleeve ?
Parce que la sleeve, ce n'est absolument pas ce qui guérit. Il y a énormément de gens qui font des sleeves et qui ne maigrissent pas, ou qui reprennent tout. Je refusais d'être la porte-parole d'un système qui peut ne pas fonctionner. Avec les boulimiques en tout cas, puisque la sleeve ne marche pas sur eux s'ils ne sont pas soignés avant. L'estomac est réduit mais on peut manger en petite quantité toute la journée. Et si on est boulimique, et qu'on continue comme ça... on ne maigrit pas.
Parmi les déclics qui t'ont poussée à perdre du poids, il y a eu cet épisode terrible avec une chaise...
Ce n'est pas ce qui m'a aidée à perdre du poids mais ça a été dur. J'étais au plus haut, je faisais 110 ou 111kg, c'était la fin d'un tournage, j'étais à côté de la régie et je me suis assise sur une chaise. Elle était assez fine et elle s'est cassée sous moi. Est-ce qu'elle se serait cassée sous quelqu'un d'autre ? Peut-être. Mais quand on est obèse, on se dit que c'est à cause de ça. Ce qu'il y a de fou c'est que tous ces accidents de vie font que vous mangez encore plus.
Tu racontes aussi une rencontre très marquante avec une petite fille.
On lui a demandé qui je jouais dans Demain nous appartient et elle a dit : "la grosse". Ca m'a donné envie de manger trois fois plus sur le coup. Ce qui m'a donné envie de guérir de ma boulimie, c'est vraiment pour mon fils Dorian. Et pour mon frère, qui m'a dit cette phrase magnifique quand il était en soins palliatifs : "Profite de ce souffle qui va me manquer, la vie est si belle". Je n'avais plus le droit. Ma boulimie était un suicide lent...
Propos recueillis par Yohann Turi. Toute reproduction interdite sans la mention de Purepeople.com.