Beatrix des Pays-Bas : Emotion pour ses ultimes missions avant l'abdication

Dernières heures dans la peau d'une monarque... Au terme de 33 ans jour pour jour d'un règne couronné d'estime et de popularité, la reine Beatrix des Pays-Bas redeviendra mardi matin (30 avril 2013) princesse, abdiquant en faveur de son fils aîné le prince héritier Willem-Alexander - le premier roi batave en 123 ans, depuis Willem III - et sa belle-fille la princesse Maxima, comme sa propre mère la reine Juliana l'avait fait en sa faveur ce même jour de 1980.

Lundi soir, un peu plus de trois mois après avoir fait part (le 28 janvier) de sa décision lors d'une intervention exceptionnelle et très touchante, la souveraine, âgée de 75 ans, recevra à partir de 20 heures les honneurs de toute la famille royale et d'un important cortège d'invités de marque au cours d'un dîner d'adieu qu'elle offrira au Rijksmuseum d'Amsterdam. Un soir de gala, tandis que le discours d'adieu de la reine sera diffusé à 20h30 en télé et en radio, où l'émotion sera vraisemblablement l'invitée d'honneur, comme ce fut le cas tout au long de ce mois d'avril et des dernières missions de Beatrix la reine - même si Beatrix la princesse continuera de s'investir dans la vie publique, comme elle l'a souligné.

Le Rijksmuseum, symbole de la fin du règne de Beatrix et de la passation de témoin : le 13 avril dernier, la monarque célébrait en grande pompe la réouverture du "Rijks", comme on le surnomme, après dix ans de rénovations, dans une ambiance de liesse de jubilé et sous des cieux irisés de feux d'artifices aux couleurs du drapeau (bleu, blanc, rouge) et de la nation (orange). Des milliers de citoyens néerlandais étaient présents sur le Museumplein, parvis qui s'étale devant cette institution des beaux-arts et de la culture néerlandais, tant pour ce grand moment de l'histoire de l'établissement que pour ce grand moment de l'histoire de la reine Beatrix, dont c'était l'ultime grande apparition publique.

Rayonnante, sans doute chamboulée par une telle ferveur à l'approche de son abdication, Beatrix des Pays-Bas a symboliquement rouvert le Rijksmuseum en tournant une clé géante dans une serrure, après avoir bénéficié d'une visite guidée en compagnie du maire d'Amsterdam Eberhart van der Laan et du directeur Wim Pijbes en personne. Après elle, ce sont des milliers de visiteurs qui pouvaient admirer la nouvelle configuration des lieux, totalement refaits à neuf pour revisiter 800 ans d'histoire à travers 8 000 oeuvres et 80 salles, et ouverts gratuitement jusqu'à minuit.

La reine Beatrix avait enchaîné avec son dernier engagement d'ordre diplomatique, recevant le président Kikwete de Tanzanie pour une visite d'Etat officielle les 15 et 16 avril.

Dernière sortie avant le grand jour, la monarque batave inaugurait le 24 avril à la Grote Kerk (grande église) de La Haye l'exposition Constantijn et Christiaan Huygens, deux personnalités majeures du XVIIe siècle hollandais dans le domaine des belles lettres et de la science, dont les accomplissements furent indissociables de l'histoire du pays et de la maison royale d'Orange-Nassau. Pour son ultime mission en tant que souveraine, la reine Beatrix avait choisi une tenue pimpante dont elle a le secret...

Le protocole d'abdication débutera à 10 heures mardi matin, et peu avant onze heures, la princesse Beatrix et le roi Willem-Alexander, rejoint par la reine Maxima et leurs trois filles, paraîtront au balcon du palais royal. Nombre de figures royales, de Felipe et Letizia d'Espagne à Victoria et Daniel de Suède, en passant par le prince Charles et Camilla Parker Bowles, honoreront cette journée importante, qui verra Willem-Alexander prendre place sur le trône dans un climat de confiance : 69% d'opinions favorables à son sujet (contre 59% il y a un an), dans un pays à 78% favorable à la monarchie. La moitié de la population se dit satisfaite de la forme actuelle de la monarchie, où le monarque est le chef d'Etat (un quart serait pour une monarchie cérémonielle, un dixième pour une république), même si, comme dans toutes les cours d'Europe à l'heure actuelle, la question des frais induits, à la charge du contribuable, fait débat. Les cérémonies de l'investiture seront financées à hauteur de 5 millions d'euros par l'Etat et 5,2 millions d'euros par la Ville d'Amsterdam.