Le confinement a fait des dégâts dans tous les domaines. Les artistes, les intermittents ont tous souffert de cette absence totale d'activité et de la reprise difficile. Dans les discours d'Emmanuel Macron, on distingue difficilement le moindre mot à leur égard depuis des mois. Alarmé par la situation, Benjamin Biolay a même évoqué la mort lente de sa profession dans les colonnes de L'Obs. "J'en ai assez de ne pas pouvoir dire ce que je pense sans me faire incendier sous prétexte que je suis médiatisé, explique l'ex de Chiara Mastroianni. On est toujours considéré comme indécent quand on parle d'argent, mais tout le monde se fiche de savoir que notre métier est en train de crever. Si le public savait dans quelle détresse se trouvent les techniciens, il comprendrait qu'il n'y a rien d'indécent à réclamer du soutien."
Son métier, il le chérit tant qu'il craint le pire. Quand il était adolescent, Benjamin Biolay dessinait déjà les pochettes de ses futurs albums. "Preuve que ça a toujours été mon rêve" s'amuse-t-il. Le chanteur superbe qui sortira son prochain album Grand prix – le neuvième ! – le 26 juin prochain, a bien prévu de partir en tournée dans toute la France à l'automne... mais tremble à l'idée que celle-ci ne soit reportée, annulée. Pour lui comme pour son équipe. "On nous prend pour des millionnaires, c'est loin d'être le cas, précise-t-il. Ça devient compliqué, de vivre de la musique. À moins de s'appeler Angèle, d'être hyperstructuré et d'emmerder la Terre entière. Quand Jean-Louis Murat lui crache dessus, elle demande : 'C'est qui, lui ?'"
Ce neuvième opus est le reflet de sa passion pour la course automobile. C'est bien simple, en dehors de la musique, Benjamin Biolay ne vibre que pour les compétitions qui font brûler les circuits. À l'origine, l'artiste avait d'ailleurs pensé à ce concept face à la disparition tragique d'un sportif qu'il admirait beaucoup. "Je peux citer le nom de tous les grands pilotes depuis 1978, raconte le chanteur. Les dimanches, après le déjeuner en famille, je suivais les Grands Prix à la télévision. J'adorais ça. J'ai toujours été fasciné par Niki Lauda, par exemple. J'aime cette folie du danger. L'idée de ce disque est venue de l'accident mortel de Jules Bianchi. Il parle forcément beaucoup de la mort puisqu'elle fait partie du deal de la course automobile. Mais c'est une mort joyeuse, comme disent les pilotes, car elle est brutale..."
Retrouvez l'interview intégrale de Benjamin Biolay dans L'Obs, n° 2902 du 18 juin 2020.