Le 5 octobre 2014, sous une pluie battante, la monoplace de Jules Bianchi entrait en collision avec une dépanneuse en plein Grand Prix du Japon. Le jeune pilote de 25 ans s'est battu jusqu'au 17 juillet 2015 pour sa vie. Près de deux ans après l'accident, la douleur est toujours vive chez ses proches et certaines questions demeurent, c'est ce que l'on retient de la grande interview accordée par son père, Philippe Bianchi, au site minute-auto.fr.
Le combat que l'on mène, c'est que ce type d'accident n'arrive plus jamais
"Le combat que l'on mène, c'est bien évidemment de continuer à faire vivre la mémoire de Jules, mais c'est aussi que ce type d'accident n'arrive plus jamais. Je le dis et je le répète, il y a clairement eu des erreurs de faites. Jules n'a pas eu un accident lié aux risques du métier", affirme avec fermeté le père du défunt. Selon lui, très clairement, des zones d'ombre demeurent : "Pour tous les accidents que la F1 ait connues, même les plus terribles, il y a des replay mais cette fois-ci, il n'y a aucune image de la FOM [le groupe chargé de la promotion de la F1, NDLR] pour véritablement montrer ce qu'il s'est passé, révèle-t-il. Pour moi, il y a quelque chose qui ne colle pas. On me doit la vérité. Je persiste et je signe, [Jules] n'a aucune responsabilité dans ce qu'il s'est passé."
Pour Philippe, cette course n'aurait jamais dû avoir lieu : "Il y a trop d'éléments qui font que cette course devait être arrêtée, que cette grue ne devait pas être là, qu'il ne devait pas y avoir de drapeau vert... C'était un cafouillis total ! Les gens qui se permettent de m'attaquer car ils ont pignon sur rue en Formule 1 et qu'ils veulent garder leurs privilèges, ça ne me touche pas. Mais si les gens disaient 'C'est vrai, il y a eu des erreurs de faites mais on ne pourra de toute façon pas revenir en arrière', ce serait déjà une avancée pour moi."
En attendant d'obtenir des réponses qui n'arriveront peut-être jamais, Philippe Bianchi et ses proches font tout pour faire vivre la mémoire de Jules. Deux associations en son nom ont ainsi été créées : "Celle en France, gérée par sa soeur et sa mère, plutôt sportswear, où l'on pourra acheter des T-shirts ou différents objets dans pas très longtemps. Avec les bénéfices, elles aimeraient aider les enfants qui ont eu des accidents ainsi que leurs parents. Aider financièrement des parents pour qu'ils puissent rester auprès de leurs enfants, c'était essentiel, explique Philippe. Et puis il y a l'association de Monaco, dont je m'occupe." Une association sportive pour faire rouler de tout jeunes pilotes en kart, découvrir les talents de demain et aider les plus prometteurs à intégrer les plus grandes compétitions. "Pour nous, ce serait un peu le retour de Jules au plus haut niveau du sport automobile puisqu'ils porteraient toujours ses couleurs. Ce serait un super clin d'oeil."
Philippe Bianchi ne cache pas que les partenaires manquent, malgré l'immense soutien reçu à la mort de son fils. Aussi, "le dimanche 4 décembre, nous organiserons une journée en hommage à Jules sur le circuit Paul Ricard et nous aimerions la reconduire chaque année". Philippe Bianchi espère y voir des pilotes reconnus et même le club Ferrari, qui suivait de près la carrière du jeune sportif. Une vente aux enchères avec l'aide de la GPDA, (Grand Prix Drivers' Association) l'association des pilotes de Grand Prix, sera bientôt organisée pour dégager des fonds.
Reste la douleur d'une famille, douleur pas toujours facile à supporter : "Il faut que ça aille, nous n'avons pas le choix. (...) La disparition de Jules était il y a à peine un an, c'est terrible. Le Grand Prix de Monza a été tout aussi terrible pour moi, car c'est là que j'ai partagé mon dernier moment avec Jules, juste avant le Grand Prix du Japon 2014. Ce n'est pas facile, il me manque. Le temps a beau passer, la blessure est toujours aussi grande. (...) Il y a des moments où on se retrouve accablé par la tristesse, où ça bouffe toute notre énergie. Et puis il a les moments où l'on doit se reprendre, notamment pour Jules. (...) Si nous n'agissons pas pour garder son souvenir présent et faire les choses qu'il aurait aimé que l'on fasse, on l'oubliera très rapidement."
Interview à retrouver en intégralité sur le site minute-auto.fr
Le site de l'association www.julesbianchisociety.org