Benoît Jacquot est officiellement mis en examen pour viols sur Julia Roy et Isild Le Besco et placé sous contrôle judiciaire. L'information est tombée ce mercredi soir et émane du parquet de Paris qui l'a transmise à l'AFP. Le septuagénaire a également été mis en examen pour violences volontaires et agression sexuelle sur Julia Roy. La juge d'instruction l'a aussi placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour viols conjugaux sur Julia Roy en 2007 et sur Isild le Besco entre 2014 et 2018.
Benoît Jacquot a été placé sous un contrôle judiciaire lourd, qui lui fait notamment obligation de ne "pas exercer la profession de réalisateur y compris les apparitions publiques en lien avec les activités ayant permis la commission des infractions pour lesquelles il est mis en examen". "Plus qu'une interdiction professionnelle, il s'agit d'une véritable mesure de cancellisation judiciaire, sur le fondement d'une enquête embryonnaire et avant tout jugement. Nous allons évidemment faire appel", a réagi auprès de l'AFP Me Julia Minkowski, l'avocate du mis en cause.
Benoît Jacquot a aussi pour obligation de "ne pas entrer en contact avec les témoins et victimes", de suivre des "soins psychologiques", de "ne pas exercer d'activité en lien avec les mineurs" et de "fournir un cautionnement de 25 000 euros", a détaillé le parquet.
En mars 2024, Judith Godrèche, actrice et ancienne partenaire de l'homme de cinéma, a porté plainte contre lui pour viols et agressions sexuelles. Elle affirme que ces actes ont eu lieu lorsqu'elle avait 15 ans, pendant leur relation qui a commencé en 1985 et a duré plusieurs années. Benoît Jacquot a nié les accusations de violence de son ex-compagne, bien qu'il ait reconnu des comportements inappropriés et transgressifs. Il a d'ailleurs justifié certains de ses actes comme étant dans la nature transgressive de l'art et du désir. Judith Godrèche n'est d'ailleurs pas la seule à l'avoir accusé du pire puisque les actrices Julia Roy et Isild Le Besco, la soeur de Maiwenn, ont, elles aussi, pris la parole.
Accusé de violences sexuelles, Benoît Jacquot, 77 ans, avait été présenté ce mercredi 3 juillet à la justice après 48 heures de garde à vue à la Brigade de protection des mineurs. Le parquet de Paris avait demandé sa mise en examen et son inculpation pour "viol, agression sexuelle et violences, susceptibles d'avoir été commis entre 2013 et 2018" envers l'actrice Julia Roy et pour "viol sur mineur par personne ayant autorité, viol par concubin, susceptibles d'avoir été commis entre 1998 et 2000, et en 2007" au préjudice de l'actrice Isild Le Besco. Le ministère public avait également requis son placement sous contrôle judiciaire.
Me Julia Minkowski, l'avocate de Benoît Jacquot, a refusé de faire tout commentaire suite à cette annonce. Lundi 1er juillet, elle avait regretté le fait qu'il y ait des "atteintes incessantes" à la présomption d'innocence de son client. Julia Roy, qui a 42 ans de moins que le réalisateur, a joué dans quatre des ses films sortis entre 2016 et 2021. L'actrice a évoqué, dans sa plainte, "un contexte de violences et de contrainte morale qui a duré plusieurs années". Selon une source proche du dossier, elle aurait également dénoncé des viols et des agressions sexuelles. De son côté, Isild Le Besco qui a joué dans Sade de Benoît Jacquot en 2000, s'est aussi confiée sur des faits de "violences psychologiques ou physiques". A nos confrères de Libération, elle avait déclaré fin mai 2024 : "Avec cette plainte, ce n'est pas tant que j'attaque Benoît Jacquot mais que je soutiens les femmes qui le font et s'exposent ainsi publiquement. Moralement, je m'y sens obligée, même si seule, je ne l'aurais pas fait".
Sur Instagram (voir notre diaporama), Judith Godrèche a réagi à l'annonce de la demande de mise en examen de Benoît Jacquot. Elle a écrit : "Aujourd'hui, 3 juillet 2024, j'apprends que B. Jacquot va être présenté devant un juge pour répondre des plaintes d'Isild Le Besco et de Julia Roy. Ces plaintes sont non prescrites. La période que j'ai dénoncée est prescrite. Mais je me sens entendue à travers cette décision" a-t-elle écrit avant de poursuivre. "Rien ne s'efface. Rien n'est réparé. Que la loi s'empare de celui qui faisait sa loi sur nous. Je pense à mes soeurs, à leur courage, Isild, Julia et toutes celles qui ont eu la force de parler", a-t-elle conclu. Quant au sort de Jacques Doillon, qui a vu sa garde à vue levée mardi 2 juillet au soir "pour des raisons médicales", elle a commenté, toujours en story sur Instagram : "J'apprends également que le Parquet n'a pas encore pris de décision concernant Jacques Doillon. Toutes ses victimes et moi même retenons notre souffle. Notre espoir persiste". Affaire à suivre.
Benoît Jacquot et Jacques Doillon restent présumés innocents des faits qui leur sont reprochés jusqu'à clôture des affaires.