C'est un cauchemar dont on aimerait bien se réveiller mais il est malheureusement réel. Depuis 2017 et la mise en lumière de l'affaire Harvey Weinstein, élément déclencheur du mouvement Me Too, les témoignages sur les violences et les comportements de certains cinéastes envers les actrices, et les femmes de manière générale, se multiplient. Dernièrement, Judith Godrèche a pris la parole, dénonçant des viols de la part de Benoît Jacquot, avec qui elle a eu une relation dès l'âge de 14 ans - et pendant 6 ans -, et de Jacques Doillon. Face à de tels récits, Isild le Besco n'a eu d'autres choix que de sortir du silence.
La soeur de Maïwenn Le Besco affirme elle aussi avoir été victime de comportements inacceptables de la part des deux cinéastes. Elle dénonce même une "emprise destructrice" avec Benoît Jacquot : "C'était une relation nourrissant de beaux films et, pour moi, la découverte d'un monde. Mais à l'intérieur, c'était aussi [...] une perte de soi. Des violences psychologiques, surtout."
L'actrice a entretenu une relation avec Benoît Jacquot durant plusieurs années. Elle avait 16 ans quand lui en avait 52 : "Benoît Jacquot pensait savoir mieux que moi qui j'étais, et ce que je pensais. Par exemple, il me disait perpétuellement que j'étais grosse. Il y a aussi eu des violences physiques, parfois, sous le coup de la colère. Contrairement à Judith, je n'ai pas vécu avec lui et cela m'a peut-être un peu protégée. Ce qui est très grave, c'est que, comme j'ai vécu cette relation à 16 ans, cela a été constitutif de ma personnalité. Une emprise engendre d'autres emprises. Après, j'ai vécu des choses encore plus graves" déclare-t-elle au Parisien.
Pas de violences physiques de la part de Jacques Doillon, mais un comportement abusif qui parle de lui-même : "J'avais 17 ans et il m'a demandé de préparer un rôle. Pendant des semaines, j'ai travaillé en improvisant et en codirigeant le script et à partir du jour où j'ai refusé ses avances, il m'a virée du film. Il m'a pillée littéralement et pas seulement mon travail." Son travail, justement, n'a plus jamais été le même après tout cela. Le fruit d'une forme de chantage de la part de Benoît Jacquot : "Comme actrice, je n'ai plus fait que des apparitions depuis que je suis devenue maman il y a quatorze ans. Depuis aussi que Benoît Jacquot a promis partout que je ne tournerais plus avec quiconque parce que j'avais mis fin à notre lien."
Si Benoît Jacquot et Jacques Doillon nient les faits qui leur sont reprochés (Jacques Doillon a même affirmé par la voie de son avocate Marie Dosé qu'il allait porter plainte pour diffamation), Isild Le Besco sait qu'il est plus que jamais important de parler : "C'est grâce à des témoignages de femmes que je suis sortie de ma torpeur. Je crois sincèrement que, plus on parle, plus les violences seront vécues et perçues comme telles, plus les abus seront dénoncés et pourront cesser. Et, plus la voix de toutes les femmes sera entendue." Elle envisage désormais de porter plainte.
Une chose est certaine : la voix de Judith Godrèche sera entendue ce vendredi 23 février sur la scène du palais de l'Olympia à Paris pour la 49e cérémonie des César à laquelle elle a été invitée. Tout comme elle interviendra au Sénat le 29 février pour évoquer ces mêmes violences. Le début, peut-être, d'une nouvelle ère. Du moins, on l'espère...