Connu du grand public grâce au succès fulgurant des Inconnus dans les années 90, Bernard Campan a mis du temps avant de s’autoriser à faire autre chose que faire rire le grand public français. Sa mue en comédien dramatique, il la doit à Zabou Breitman, qui lui offrira un personnage très touchant dans Se souvenir des belles choses, en 2002. "Il fallait être sacrément culottée pour confier un rôle, dans Se souvenir des belles choses, à ce type des Inconnus, racontait le comédien en 2009 dans les pages de Paris Match. Je ne soupçonnais pas un tel grand écart. Zabou a ce don de m’embarquer vers des horizons ignorés, sur lesquels j’émets souvent, au départ, des réserves quant à mon savoir-faire. Sa persévérance me touche."

Aux côtés de Bernard Campan, face au journaliste de Paris Match, son épouse Anne (qui a longtemps souffert d'alcoolisme) révélait pourquoi le couple n’était pas le plus assidu en termes de mondanités parisiennes. Les flashs, ils préfèrent les retrouver dans les yeux pétillants de l’autre, lorsqu’il rentre d’une journée de travail. "Bernard n’est pas à l’aise dans les soirées parisiennes, on ne nous y voit jamais, confiait la compagne du comédien. Notre vie avec les enfants, loin de Paris, nous correspond parfaitement." Un constat enrichi par Bernard Campan qui ajoutait : "Nous ne nous cachons pas, mais nous ne sommes pas des people. Si Anne menait une carrière artistique ou si j’entretenais une liaison avec une actrice, nous serions des cibles plus intéressantes pour la presse."
Cette douceur de vivre familiale, loin des tumultes parisiens, se verra chamboulée en 2016 lorsque Nina, la benjamine des deux filles du couple (l’aînée s’appelle Loan), décide, du haut de ses 13 ans, de passer les auditions à l’aveugle de The Voice Kids sur l’antenne de TF1. Une émission à forte audience, qu’elle affrontait avec son célèbre papa en coulisses. "J’avais été très impressionné, se souvenait Bernard Campan, au micro de RTL l’année dernière. Surtout pour la sélection. J’étais dans un petit coin du plateau avec mon beau-frère, on regardait sur un écran." Certain que le nom Campan pouvait parasiter la prestation de Nina, le comédien avait tenté de faire passer un message à la production du télé-crochet. "J’avais juste fait passer le message : ‘Évitez de dire que c’est ma fille. On s’en fout et pour elle, ce n’est pas sympa’, ajoutait-il. Ils ont été très corrects." Résultat : quatre fauteuils retournés durant la prestation de Nina, qui sortira Au bois dormant, un single, en février 2021.

En 2022, Nina Campan devient Nina Louise et débute une nouvelle carrière : actrice. Un changement de nom pour s’émanciper. "Nina Campan, je ne trouvais pas ça forcément très beau, confiait la jeune femme dans les pages de Gala cette même année. J’avais envie de trouver quelque chose qui soit plus proche de moi, donc j’ai choisi mon prénom et mon deuxième prénom." Un virage artistique que Bernard Campan regarde avec fierté, sans jamais encombrer sa fille. "Il ne m'a pas vraiment donné de conseils et m’a laissée faire mon truc de mon côté pendant longtemps, soulignait l’actrice débutante. En revanche, il est très content quand je lui en parle. En fait, il a toujours fait en sorte de dissocier son métier de son rôle de père. Si je devais retenir quelque chose, c’est de suivre mon instinct et de faire les choses à mon rythme. Il ne faut pas se mettre la pression, parce que c’est très stressant comme métier." "Voir ma fille heureuse de tourner, c’est un excellent souvenir pour moi", soulignait Bernard Campan sur RTL.

Aujourd’hui, Nina Louise continue son bonhomme de chemin artistique. Après la chanson et le jeu, c’est du côté de la réalisation que la jeune femme tente sa chance. En 2024, à l’occasion du Nikon Film Festival, celle qui redevenait Nina Campan présentait Saines, sa toute première réalisation. D’une durée de deux minutes vingt, le court-métrage nous immerge dans les pensées de Clémence, une jeune femme forcée d’assister à une messe catholique alors que son esprit est totalement ailleurs. Un avant-goût de ce que pourrait exprimer très bientôt Nina.
Avec le temps, l’amour et la réussite des trois femmes de sa vie, sans oublier ses rôles de plus en plus touchants au cinéma, Bernard Campan l’avoue : il finit par se trouver beau. "C’est vrai que je m’autorise aujourd’hui à être davantage moi-même, déclarait-il dans Paris Match. Enfant, j’ai toujours voulu être à la hauteur, chercher ma place au sein de ma famille d’intellectuels. Je n’étais qu’un cancre qui faisait le pitre. Le succès est comme un baume qui apaise les blessures mais ne soigne pas le manque de confiance. On a de soi une image qui change peu, même avec le temps." Ses 66 bougies soufflées ce vendredi 4 avril 2025 devraient l’y aider, pourtant…