"Le scandale Anelka" s'éloignant au même rythme que le Mondial calamiteux qu'elle a dynamité côté français, les pro- et les anti-Nico demeurent dos à dos. Et l'intéressé, lui, continue de faire le bravache : après en avoir ricané, il raillait dernièrement la sanction que la commission de discipline fédérale lui a infligée (18 matches de suspension en équipe de France) après son échange verbal avec Raymond Domenech à la mi-temps de France-Mexique. Le mois dernier, lors du doublé inscrit sous les couleurs de son club de Chelsea sur le terrain de Zillina, en Ligue des Champions, il exhibait, pour célébrer ses buts, ses mimines comme entravées par des menottes, et allait même jusqu'à décrypter ce geste en conférence de presse, pour ceux qui n'auraient pas compris l'allusion...
Mais l'affaire n'est pas tout à fait terminée. Dans le bras de fer que le footballeur a choisi d'entamer contre L'Equipe, qui a précipité cet épisode humiliant pour le football français en divulguant les insultes qu'Anelka aurait proférées, la justice va devoir trancher. Dans un entretien fleuve avec France-Soir, il y a quelques semaines, il admettait avoir "marmonné dans son coin", mais affirmait que les mots produits par L'Equipe n'étaient pas les siens. Et c'est à ce titre qu'il a assigné en justice le quotidien sportif, avec lequel ses relations (comme avec bien des journalistes) ont toujours été très épineuses, pour diffamation. Vu l'impact que la révélation du dérapage verbal a eu sur ses partenariats commerciaux, l'action en justice n'est pas anodine...
Du côté du quotidien sportif, on maintient le cap annoncé depuis le début de l'affaire : tout en signalant que le plaignant n'a jamais adressé de démenti officiel, on dit réserver ses explications pour le tribunal. Mais avant d'avoir connaissance de ces explications très attendues, il va falloir... s'armer de patience ! En effet, à l'occasion de l'audience de fixation qui s'est tenue vendredi 8 octobre, la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a fixé au 20 mai 2011 l'audience au cours de laquelle le journal sera prié de s'expliquer ! Une dizaine de témoins devrait alors être appelés à la barre...
Le secret de la une de L'Equipe a toutefois en partie été levé fin septembre : dans L'Equipe Magazine, Damien Degorre et Raphaël Raymond livrait les meilleures feuilles de leur ouvrage Histoire d'un scoop. Synopsis de lequipe.fr :
"Les deux grands reporters de L'Equipe racontent leur enquête, de la rumeur du clash entre l'attaquant de Chelsea et le sélectionneur, jusqu'à la rédaction du papier et la décision de titrer avec l'accroche désormais célèbre : "Va te faire enculer, sale fils de pute !" Leur livre, indépendamment des détails qu'il livre sur l'ambiance dans et autour de l'équipe de France, témoigne aussi du travail de la presse et des impératifs de vérification des faits.
"Histoire d'un scoop" révèle notamment que la scène du vestiaire a été racontée aux deux journalistes dans la journée du lendemain par trois témoins différents, tous proches des joueurs, puis confirmée par un puis deux témoins directs de la prise de bec. La rumeur est devenue une véritable info, les journalistes peuvent donc passer à la rédaction de leur article."
Le tribunal s'est-il accordé un tel délai pour s'assurer de pouvoir lire avec attention cet ouvrage ?