La Fédération ne veut plus de Nicolas Anelka, la télévision non plus. L'attaquant de Chelsea, qu'on ne verra plus en bleu que sous le maillot de son club londonien (avec qui il a prolongé jusqu'à juin 2012), n'a pas tout à fait fini de payer les conséquences de ses actes et paroles hors de proportion lors de la brève équipée des Français en Coupe du monde sud-africaine.
Banni à vie de l'équipe de France
Et puisqu'il a été loin de montrer l'exemple, déclenchant par ses insultes adressées au sélectionneur Raymond Domenech un tsunami dans le football français, il aura droit à un châtiment exemplaire : "Ni moi-même, ni mon successeur, ni le futur sélectionneur n'oublieront ce qui s'est passé et tout le monde veillera à ce qu'il ne puisse plus jouer en équipe de France. Que s'est-il passé dans le vestiaire ? Je ne l'ai su que lorsque cela a transpiré dans L'Equipe. Dès que je l'ai su, et après avoir effectué un minimum de vérifications - un joueur m'ayant dit que les propos tenus étaient pires que ceux rapportés - j'ai immédiatement sanctionné l'auteur de cette insulte", a ainsi affirmé, selon le compte-rendu consulté par L'Equipe, le président démissionnaire de la Fédération Française de Football, Jean-Pierre Escalettes, devant la commission des Affaires culturelles réunie à l'Assemblée nationale pour examiner les tenants et aboutissants de ce fiasco tricolore, lors de son audition la semaine dernière.
Anelka : un héros modèle... foot-u à la poubelle !
Premier coupable et premier condamné, partiellement amnistié par certains qui trouvent sa crucifixion abusive, et impardonnable pour beaucoup d'autres, Nicolas Anelka n'est plus non plus un bon exemple en matière de publicité : Quick s'est empressé d'arrêter de la faire parader, en affichage et en télé, le burger aux dents.
Mais l'imbroglio entre comportement sportif et business ne s'arrête pas là. De même que les Bleus ne sont plus vraiment représentatifs des valeurs de "confiance" prônées par le Crédit Agricole, qui a également stoppé sa campagne, Nicolas Anelka n'est plus à la hauteur des valeurs qu'il était censé incarner dans... Foot2Rue ! Le dessin animé vedette de France 3 et Gulli consacré au "street", créé en 2004, met un terme à sa collaboration avec Nicolas Anelka, star de deux épisodes de la saison 3. Télé-Loisirs indique que France Télévisions Distribution, qui cogère l'image du joueur et le développement de produits dérivés, a mis fin au partenariat : "On pensait que ce serait un bon ambassadeur de Foot 2 Rue, mais c'était en théorie, commente le directeur du service, Michel Cymes. Nous avons décidé de geler nos relations". Du côté de Philippe Alessandri, producteur de la série d'animation, on y croyait aussi et on avait réfléchi à ce partenariat dès le début du projet, selon une déclaration parue dans le magazine interne de France Télévisions, scrupuleusement épluché par l'oeil infaillible de Bakchich.info : "si l'on devait associer un joueur de l'équipe de France à Foot2Rue, il fallait que ce soit Nicolas Anelka". S'il le "fallait", alors...
Une foot-ue coïncidence !
Le malaise devient franchement comique quand on apprend, toujours grâce aux snipers de l'hebdo satirique Bakchich, que la diffusion du double épisode mettant en scène le personnage de Nicolas Anelka (dans son propre rôle) s'est faite... le 19 juin : soit le jour même de la une de L'Equipe étalant les "fameuses" insultes et mettant le feu aux poudres ! Simultanément "Anelka-respect, honneur & solidarité" et "Anelka-va te faire enculer, sale fils de pute" (voire pire selon Escalettes), on ne vous fait pas de dessin, bonjour l'animation. "On ne pouvait pas changer la diffusion, on a appris l'info quand tout était déjà calé", réagit le service de programmation de France 3.
Mais, plus forte encore que la simple coïncidence chronologique, la coïncidence diégétique ! Les (més)aventures des personnages évoquent curieusement celles de certains Bleus, bien réels, eux. Dans ce double épisode, Nicolas Anelka est une guest star invitée par son ami Fédé, personage qui est le président du Foot2Rue, et qui échange des points de vue édifiants avec la coach Victoire sur l'esprit de la gagne et le respect. Exemple type, alors que Victoire se fait planter par ses joueurs en pleine mutinerie : "[Anelka] Un leader, ça doit se faire aimer. [Victoire] Non, ça doit se faire res-pec-ter." A rapprocher d'une analyse fulgurante de Fédé : "Je trouve que vous donnez une mauvaise image de ce Mondial". N'hésitez pas, suivant l'invitation de Bakchich, à remplacer Fédé et Victoire par leurs équivalents possibles dans la réalité (Jean-Pierre Escalettes et Raymond Domenech), et savourez la compil' des meilleurs moments de ce Foot2Rue à deux niveaux de lecture en cliquant ici !
Roselyne Bachelot avait fait pleurer les Bleus, au coeur de la polémique, en les prévenant : "ce sont vos gosses, nos enfants, pour qui peut-être vous ne serez plus les héros". A posteriori, elle ne croyait pas si bien dire.
G.J.