Le président Emmanuel Macron a salué, au côté de son épouse Brigitte mercredi 1er juin 2022 lors d'un hommage national à Paris, la mémoire de l'inlassable porte-parole des victimes d'attentat, décédée le 17 mai à 73 ans. "Françoise Rudetzki était la figure tutélaire de toutes les victimes du terrorisme", a déclaré solennellement le chef de l'Etat français. Dans une cour des Invalides écrasée par le soleil, le président, la fille et le frère de Françoise Rudetzki ainsi que deux victimes d'attentats, en présence de nombreux politiques et membres du gouvernement ont loué une "obstinée solaire", qui a "fait de son drame personnel un combat collectif". À cette occasion, la first lady a choisi un total look noir de circonstance, sobre et élégant, composé d'une veste trois quarts, d'un col roulé d'un pantalon à pinces.
Décédée à 73 ans, Françoise Rudetzki avait créé en 1985 SOS Attentat, première association de défense des victimes du terrorisme, date qui marquait le début d'une vague d'attentats meurtriers à Paris, liés au conflit au Proche-Orient. Le 23 décembre 1983, Françoise Rudetzki avait elle-même été victime d'un attentat à la bombe au restaurant du Grand Véfour. L'explosion projette une porte métallique qui écrase ses jambes. Elle contracte ensuite le VIH, à la suite d'une transfusion.
Malgré une "vie de douleur", selon les mots d'Emmanuel Macron, "elle a refusé la défaite". A sa sortie du coma, sa première lecture sera un Code pénal : le début d'un long combat pour la reconnaissance des droits des victimes du terrorisme. À la tribune, Christiane Merlino, victime de l'attentat du métro Port-Royal, en 1996, se souvient de la "boîte de chocolats" qu'elle a reçue sur son lit d'hôpital, "avec un mot d'SOS Attentat". Sa voix tremble lorsqu'elle se souvient des "innombrables démarches, mailing, plis" effectués par l'association pour lutter contre l'oubli et le vide juridique auxquels faisaient alors face les victimes.
Un combat qui a permis de nombreuses avancées, rappelées par le président de la République : dès 1986, elle avait obtenu la création du Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme, une garantie étendue en 1990 à l'ensemble des victimes d'infractions pénales (viols, agressions, braquages). Les victimes ont également obtenu le droit de se constituer partie civile dans les procès en terrorisme, et ont été reconnues comme des victimes civiles de guerre.
"Ma mère est morte mais les avancées qu'elle a permis ne doivent pas mourir avec elle", a affirmé avec force sa fille, Déborah Rudetzki. "De cet édifice de fraternité, nous en serons le gardien, je m'y engage", a répondu le président de la République. Celle qui a frappé à la porte de nombreux locataires de l'Élysée "n'acceptait pas qu'on lui dise non", a rappelé Emmanuel Macron qui a accédé à sa demande de création d'un musée mémorial pour les victimes du terrorisme. Son ouverture est prévue d'ici 2027. Le chef de l'État a ensuite déposé une gerbe au pied de l'urne. "Fugaces instants d'honneurs pour célébrer le combat d'une vie", a souligné Caroline Langlade, victime de l'attentat du Bataclan.
En retrait durant la campagne électorale pour la réélection de son mari - même si toujours alliée indéfectible, Brigitte Macron réapparaît plus investie que jamais à l'aube de ce nouveau quinquennat. Le 31 mai, celle qui est présidente de la Fondation des hôpitaux, était à Villejuif pour à l'hôpital Paul-Guiraud pour l'inauguration d'un espace dédié au bien-être des soignants. Précédemment, elle était radieuse à la remise des prix de la fondation Stéphane Bern auprès de son ami, à l'institut de France. Le Prix Histoire et le Prix Patrimoine 2021 de cette Fondation ont été remis respectivement à Marie Moutier-Bitan et Pierre-Louis Lensel, et à l'association Acta Vista. Une mention Coup de Coeur a été attribuée à Michaël Canitrot. Le Prix Patrimoine a été remis par Brigitte Macron, tandis que celui d'Histoire a été remis par S. M. l'Impératrice Farah Pahlavi.