En se présentant pour un second mandat, Emmanuel Macron a entraîné avec lui dans sa décision son épouse Brigitte Macron. Alliée fusionnelle et indispensable du président de la République, elle a accepté avec les honneurs le choix de son mari, tirant un bilan positif de son expérience tout en admettant les points difficiles. C'est ce qui paraît de son entretien avec l'Agence France Presse, un peu plus d'une semaine avant le deuxième tour des présidentielles où le leader de La République en Marche affrontera la cheffe du Rassemblement national, Marine Le Pen. Elle continuera de le conseiller, tout en le laissant totalement libre de ses choix. "On parle énormément de tout, mais dans le cadre de la présidentielle, en aucune manière je n'essaie de l'influencer. Jamais. Parce que c'est l'histoire entre les Français et un homme", avait-elle expliqué sur TF1 en décembre.
Contrairement à ce que certains lui avaient prédit en devenant première dame, Brigitte Macron assure ne pas avoir vécu "l'enfer" à l'Elysée en 2017, lorsqu'Emmanuel Macron a remporté la victoire. Il en faut plus pour effrayer l'ancienne enseignante de lettres qui a épousé l'homme politique en 2007. À 69 ans, la première dame est prête pour une nouvelle aventure si les Français et les Françaises le veulent, acceptant les contraintes qui vont avec.
Durant ce mandat de cinq ans durant lequel elle a pu imposer sa marque, Brigitte Macron a pu offrir toute son énergie et sa passion pour aider les hôpitaux, les personnes en situation de handicap et les enfants. C'est pour ces derniers qu'elle aimerait plus que tout continuer à se battre, habitée par sa fibre d'enseignante. "Si je reste, je voudrais faire plus pour lutter contre le harcèlement scolaire et l'addiction des jeunes aux écrans", qui font "d'immenses dégâts" dans la société, assure-t-elle.
Être présente, dans l'ombre, parfois dans la lumière pour défendre les sujets les plus graves comme le sort d'enfants malades du cancer en Ukraine, celle qui a reçu pas moins de 100 000 courriers en cinq années s'implique dans les domaines où "elle se sent à l'aise" sans faire de politique. C'est ainsi qu'elle a succédé à Bernadette Chirac comme présidente de la Fondation des Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France, qui gère la populaire opération "Pièces jaunes" ou a lancé en 2019, avec l'appui du groupe LVMH - qui lui prête nombre de robes de représentation - l'Institut des vocations pour l'emploi (Live), qui forme des adultes de 25 à 30 ans sans formation ni emploi.
Des missions qu'elle a assurées avec celui de first lady classique qui accompagne son mari, à l'Elysée ou ailleurs, pour les obligations de représentations de l'Etat. Elle a montré également un sens certain des mondanités, l'utilisant pour de nobles causes. Amie de Carla Bruni-Sarkozy, Stéphane Bern, Bernard Montiel ou encore Line Renaud, elle est douée de belles aptitudes relationnelles, sans être une ingénue. Elle met en garde son époux contre les courtisans dès qu'elle se méfie. "Je lui dis quand je ne sens pas quelqu'un, quand ça m'inquiète, confie-t-elle. A un moment donné, c'était du cirage tout le temps. Mais il y a moins de jeux de cour qu'au début. Ils ont senti que ça ne marchait pas avec nous", explique la première dame.
Mère de trois enfants de son premier mariage avec André-Louis Auzière, Laurence, Sébastien et Tiphaine - la plus impliquée en politique -, Brigitte Macron a dû toutefois faire face au pire campagne de dénigrement, comme celle affirmant qu'elle était un homme. En février, elle a lancé une action pénale contre ses auteurs. La crise des gilets jaunes l'a également beaucoup affectée, parce qu'elle a divisé les Français et qu'elle a entraîné des actes violents. "Je crains la violence, je crains la haine, je crains aussi cette espèce de crescendo permanent. On va de plus en plus loin", déplorait-elle sur TF1 en décembre. Rompue à l'exercice de première dame, Brigitte Macron est prête, solide comme un roc mais humaine avant tout, à rempiler pour un nouveau quinquennat, avec les sacrifices personnelles qu'il coûte.