Vendredi soir vers 22 heures, à une heure où l'effervescence du Festival de Cannes s'est déjà largement délocalisée vers toutes les soirées de prestige qui font palpiter les nuits de la Croisette, il y avait encore de l'animation sur le tapis rouge du Palais des festivals.
Deux projections de réalisations attendues s'enchaînaient à 22h15 et 22h30, mobilisant malgré l'heure tardive de ces séances les équipes concernées : c'est ainsi qu'on a pu voir une Nathalie Baye absolument radieuse, parée de bijoux de la Maison Boucheron et entourée du réalisateur Xavier Dolan et de Melvil Poupaud, précéder de peu dans la monter des marches Sean Penn et Petra Nemcova, couple star de cette 65e édition.
En compétition officielle, c'est Reality de l'Italien Matteo Garrone qui revenait à l'écran, après une première présentation à l'aube qui a laissé la critique sur sa faim, globalement déçue par le manque de tranchant de cette nouvelle oeuvre de l'auteur de Gomorra, plongée brutale et amère dans la mafia napolitaine (la Camorra) qui avait glané le respect et le Grand Prix au Festival de Cannes 2009. Cette fois, Matteo Garrone s'intéresse, avec Reality, à l'eldorado que représente la télé-réalité pour beaucoup de téléspectateurs, en suivant un père de famille qui fait le Loft italien, Grande Fratello. Quatrième film de la sélection officielle présenté, Reality a bien plus fait sensation en raison de l'absence de son interprète principal, Aniello Arena, en lice pour le Prix d'interprétation : "Il est en prison depuis 18 ou 19 ans", avait révélé à la surprise générale le cinéaste transalpin, expliquant que l'acteur avait bénéficié d'une autorisation de sortie pour le tournage, mais pas pour le Festival. Le reste de l'équipe (Domenico Procacci, Loredana Simioli, Nando Paone), autour de Matteo Garrone et de sa compagne Nunzia, était au rendez-vous.
En lice dans la catégorie Un Certain Regard, Laurence Anyways, de Xavier Dolan, s'offrait également sa projection nocturne après une présentation en début d'après-midi. Déçu de ne toujours pas être en compétition officielle pour sa troisième participation au Festival, le tout jeune réalisateur Xavier Dolan (J'ai tué ma mère, Les Amours imaginaires) était entouré de Nathalie Baye, Melvil Poupaud, Suzanne Clément (vêtue d'un audacieux chemisier transparent), Monia Chokri et des producteurs de sa troisième oeuvre derrière la caméra, qui offre à Melvil Poupaud un rôle vertigineux : celui d'un professeur de lettres de 35 ans qui annonce à sa compagne (Suzanne Clément) qu'il se sent et veut devenir femme. Le film suivra dès lors les combats et les souffrances du couple, "deux idéalistes marginaux" et "deux héroïnes" selon les mots de Dolan, durant les années 1990. Les premiers échos critiques de la performance de Melvil Poupaud sont élogieux.
Sur les marches, outre les protagonistes des deux films, on a donc pu voir la sensationnelle paire Sean Penn-Petra Nemcova, en robe argentée et chaussée à plat, poser avec Giorgio Armani et Paul Haggis. Le même soir, Sean Penn et sa belle partenaire donnaient une soirée étoilée au profit d'Haïti.
Le président du jury Nanni Moretti était présent également, en couple. Mylène Jampanoï, en solo, a apporté une des dernières touches de glamour de la journée.