Depuis l'émergence du mouvement #Metoo en 2017, d'innombrables personnes s'illustrant dans le milieu du 7e Art osent dorénavant prendre la parole pour dénoncer les abus dont elles ont été victimes. Dans les pages du Nouvel Obs cette semaine, Caroline Ducey a accusé la réalisatrice Catherine Breillat d'avoir organisé un viol pour les besoins d'une scène de son film Romance, dévoilé au cinéma en 1999.
A l'époque, la comédienne alors âgée d'une vingtaine d'années incarnait Marie, une jeune femme frustrée sexuellement dans son couple qui multiplient de nouvelles expériences. Dans cet entretien accordé à nos confrères, Caroline Ducey affirme avoir été sous l'emprise de la cinéaste et aurait vécu un véritable enfer. Pour mettre en boîte une scène avec François Berléand qui joue le rôle d'un maître sado-maso, Catherine Breillat aurait insisté pour son partenaire orchestre "pour de vrai" une pénétration digitale. Chose qu'aurait refusé le duo.
Bien plus tard, Caroline Ducey a notamment dû tourner une autre séquence tout aussi marquante avec Rocco Siffredi, célèbre acteur et réalisateur de films pornographiques, avec qui elle a tourné des scènes très intimes sous les directives de Catherine Breillat. Ayant donné la réplique à Caroline Ducey, François Berléand a brisé le silence pour appuyer les dires de son ex-partenaire à l'écran.
A ses yeux, comme il l'a rapporté aux équipes de Libération ce vendredi 30 août, la notion de consentement n'a pas été respectée. Le compagnon d'Alexia Stresi se souvient d'ailleurs qu'elle était à "ramasser à la petite cuillère" après les séquences avec la star du X. De plus, Catherine Breillat leur aurait dévoilé sur le tard que Rocco Siffredi faisait lui aussi partie du casting. "Pourquoi tu nous l'as caché ?", lui aurait glissé François Berléand, interloqué. L'impressionnante différence du tandem, leur interlocutrice l'aurait voulu... Au point de s'en amuser.
Quant au viol qu'à tenu à dénoncer Caroline Ducey, les faits se seraient déroulés durant une scène de sexe (non simulée et sans son accord ndlr) tournée avec Reza. Celle qui a accepté de raconter les coulisses du film dans son nouvel ouvrage baptisé La Prédation (nom féminin), aux éditions Albin Michel, aurait d'ailleurs perdu "connaissance" avant de "plonger dans un trou noir (...) par instinct de survie". De ses lourdes accusations, Catherine Breillat s'en défend même si elle ne "met pas en cause la douleur" de Caroline Ducey comme elle l'a souligné dans un autre entretien pour le Nouvel Obs tout en pointant les moeurs de l'époque.
"Après tout, si Rocco et elle m'ont tous bernée sur le tournage en simulant un acte sexuel, tant mieux ! Seul le film compte et Caroline y est sublime. Je ne doute pas que le cinéma soit un art carnivore et même anthropophage, mais je réfute les mots de 'trahison', de 'prédation', et tout ce fratras populiste bien dans l'air irrespirable de ces temps rétrogrades, où l'on essaie de faire plier le cinéma d'auteur sous le joug d'un totalitarisme puritain", s'est agacée Catherine Breillat. Quant aux actes sexuels non simulés, selon ses dires, Caroline Ducey "les avait acceptés". "Mais ce n'était pas stipulé dans son contrat, elle était donc libre de ne pas les tourner", a t-elle ainsi conclu.