Ces concerts outre-Atlantique lui ont permis de se confronter au public - exercice qui la terrifie - sans la pression du public français qui la connaît tellement. Les Inrockuptibles sont allés rencontrer la chanteuse à New York, peu avant son retour en France, pour remettre la palme d'or du 63e festival de Cannes.
Elle évoque sa famille, et ce père, Serge, dont elle reprend les chansons... à plusieurs exceptions près : "Je me suis demandé si j'avais le droit de toucher aux chansons qu'il a écrites pour ma mère (Jane Birkin). La réponse a été non, peut-être pas... (rires). C'est comme si ça ne me regardait pas."
Mais Charlotte avait totale liberté sur tout le reste et son choix s'est d'abord porté sur l'Hôtel Particulier de l'album culte Histoire de Melody Nelson : "J'étais très intimidée parce que c'est un morceau parlé. J'avais peur de reprendre le phrasé de mon père - ce que j'ai fini par faire. Je l'entends dans ma tête, je ne peux pas faire autrement. Mais c'est aussi ce qui me fait plaisir. Ce répertoire, c'est mon privilège."
Elle rappelle également qu'elle éprouve encore beaucoup de difficultés à écouter les albums de son père : "Je connais toutes les intros des chansons de mon père par coeur parce que j'arrête les disques très vite, avant que sa voix n'arrive."
Charlotte reprend aussi Couleur Café, un classique parmi tant d'autres dans la discographie luxuriante de Serge Gainsbourg. Cet héritage qui se transmet aux enfants de Charlotte - Ben et Alice qu'elle a eus avec Yvan Attal : "Ils sont très curieux de sa musique. Parfois, ils l'écoutent aussi pour voir si ça va me faire quelque chose. Mon fils a eu une période comme ça. Il était ému par mimétisme, parce qu'il savait ce que ça provoquait chez moi."
Sur la route, si Charlotte Gainsbourg vivait avec ses musiciens et voyageait comme eux en tour bus, sa famille a aussi fait le voyage pour l'applaudir : "À Montréal, j'ai complètement perdu les pédales. Je n'avais qu'une chose en tête : ma mère. Pendant tout le concert, je ne pensais qu'à elle, à ne pas la décevoir."
Et la présence d'Yvan Attal, de Jane Birkin et de ses enfants lui rappellent évidemment ses propres souvenirs de concert avec ses parents : "Très jeune, j'ai vu mon père au Palace. J'en ai un souvenir très fort, pas tant du concert que des musiciens : je les adorais. C'est un truc d'enfant (...) J'ai également des souvenirs plus douloureux de ma mère au Casino de Paris. Mon père venait de mourir."
Au moment de la sortie de 5:55 - son précédent disque avec le duo Air -, Charlotte venait de voir Radiohead sur la scène de Rock-en-Seine à Paris. Elle a enchaîné avec Fiona Apple et la volubile Camille. Trois bêtes de scène qui ont failli anéantir ses désirs de scène justement. Mais aujourd'hui elle est là et défend des titres magnifiques comme Time of The Assassins, son dernier single.
Charlotte Gainsbourg se produit en France à partir du 14 juin à Caen. Retrouvez tous les dates, en cliquant ici !
Retrouvez l'intégralité de cette interview dans Les Inrockuptibles, en date du 5 au 15 juin.