La métamorphose de Christina Ricci est sensationnelle. Cantonnée pendant des années au rôle de la femme décalée et sulfureuse, à mille lieux du prototype hollywoodien, elle s'est réinventée dans un cinéma plus populaire, affublée d'une silhouette calquée sur celle de ses adversaires. Mais sur le chemin du papillon filiforme, elle n'a pas perdu que ses formes. Elle a aussi perdu ce charme qui en avait fait une actrice à part.
A star is born
À 11 ans, Christina Ricci explose dans La Famille Adams (1991) et sa suite, Les Valeurs de la famille Adams (1993). Cheveux noirs et présence mémorable, la comédienne en herbe se fraie un chemin dans l'écurie Disney avec son allure peu ordinaire, loin des sucreries acidulées des autres enfants-stars. Son premier rôle principal dans Casper (1995) marque ainsi son premier succès mondial.
Ice Storm (1997) d'Ang Lee marque le premier vrai virage de sa carrière. Saluée par la critique, ce film chorale torturé ouvre de nouvelles portes à Christina Ricci, qui ne va pas tarder à briser son enveloppe d'adolescente décalée. Comme une tornade, elle déboule dans Sexe et autres complications (1998) en trouble-fête hypersexuée et sans limites. Comme un ange, elle vient bouleverser la vie de Vincent Gallo dans Buffalo '66 (1998). Abonnée au cinéma indépendant, elle traverse l'univers déjanté de John Waters dans Pecker (1998) avant d'exploser dans Sleepy Hollow (1999) de Tim Burton. Le film est un succès, et la carrière de Christina Ricci est sur le point de basculer.
La marche loupée
Héroïne romanesque de The Man Who Cried (2000) de Sally Potter, une fresque oubliable avec Cate Blanchett et Johnny Depp, la comédienne confirme elle-même qu'elle court après l'Oscar. Mais les portes d'Hollywood lui semblent à moitié fermées, chose qu'elle confirme elle-même : "Je sais que si j'avais été plus mince à l'époque où mes films indépendants explosaient, j'aurais eu une meilleure position en termes de carrière."
Passée par le petit écran, choisie par Woody Allen pour Anything Else (2003) et remerciée par Charlize Theron lors de son Oscar pour Monster (2003), dans lequel elle lui donne la réplique, Christina Ricci avouait même que rien ne lui était donné : "Je dois encore passer des auditions. Je n'ai pas vraiment de contrôle sur ma carrière comme certains pourraient vouloir le dire de moi."
Come-back manqué
Anorexique pendant son adolescence, la star inquiète rapidement les médias, qui regardent ses formes disparaître tandis que sa carrière plonge. Christina Ricci revient sur le devant de la scène avec Penélope (2006) et Black Snake Moan (2006), deux échecs au box-office. Arrivée à l'échelon des blockbusters avec l'amusant Speed Racer (2008), elle essuie l'un des pires flops d'Hollywood. Plus personne ne mise sur elle, et le public l'oublie lentement.
C'était il y a quatre ans. Depuis, sa filmographie est teintée de films de seconde zone et de séries télévisées. Cette année, son come-back s'est soldé par deux échecs retentissants, d'abord avec la série Pan Am, annulée après une saison, puis avec le film Bel Ami. Malgré la présence du beau Robert Pattinson, le buzz autour de ce film d'époque est vite retombé, avant même sa sortie en salles.
Il y a quelques mois, l'actrice revenait sur son rapport au corps, déclarant qu'une pratique sportive régulière lui permettait de contrer un sentiment d'insécurité qui la hantait : "C'est le pire sentiment au monde. Alors je fais beaucoup de choses pour être sûre de ne pas me sentir mal avec moi-même". À tout juste 32 ans, Christina Ricci semble donc décidée à trouver la paix avec elle-même. Même si cela lui a coûté sa place à Hollywood.