L'affaire Elf, qui fut instruite par l'ancienne juge Eva Joly, est considérée comme le plus grand scandale politico-financier et de détournements de fonds depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans ses nombreux volets, celui impliquant Christine Deviers-Joncour fut celui qui passionna les Français à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Aujourd'hui, âgé de 70 ans, celle qui était surnommée la "putain de la République" a changé de vie... Sans réellement oublier.
De 1989 à 1993, Christine Deviers-Joncour travaille pour les relations publiques d'Elf-Aquitaine. Amie de Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères, elle obtient de lui l'autorisation de vendre des frégates militaires à Taïwan. Elle touche au passage de généreuses commissions. En 1997, elle est incarcérée et encaisse cinq mois et demi à la prison de Fleury-Mérogis – une détention traumatisante de son propre aveu. Après deux procès très médiatiques, elle est condamnée en 2003 par la cour d'appel de Paris à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, et 1,5 million de francs d'amende pour "recel d'abus de biens sociaux". Elle renonce à se pourvoir en cassation et obtient une grâce présidentielle partielle de sa peine...
Depuis, Christine Deviers-Joncourt vit pour sa véritable passion : l'écriture. Son dernier roman, Lorgwyn, le jeune alchimiste est paru en 2015 chez Ennead Publishing. Il y a deux ans, elle confiait justement à son éditeur : "J'ai participé à de nombreuses lectures récemment à Paris, mais aujourd'hui je vis entre l'Aquitaine et la Scandinavie. Un peu compliqué !" L'Aquitaine parce que sa famille est originaire de la Dordogne où, de l'avis de nos confrères de Sud-Ouest dans un article paru l'année dernière, Christine Deviers-Joncour vit "plutôt chichement" et "oubliée de tous". Et la Scandinavie parce qu'en 2006, elle a épousé Alf Emil Eik, musicien, compositeur et producteur norvégien. On ignore si le couple est toujours marié.
Sa vie en soi est un roman. Christine Deviers-Joncour a cristallisé bien des frustrations et des sentiments passionnés, en témoigne son surnom d'une violence inouïe. Quelque vingt ans après, elle semble avoir accepté ce destin, comme elle l'expliquait à son éditeur : "Je fus médiatisée à travers cette affaire d'État des frégates de Taïwan et pour me défendre j'ai écrit plusieurs essais. Mais ce n'est pas ma vie. Je préfère m'évader en écrivant des romans fiction. Le problème en France est que je suis estampillée corruption politique. Difficile de s'en sortir."