Deux Oscars dans la poche, une carrière hollywoodienne qui réjouit le box-office, Denzel Washington est à 57 ans une figure respectée du cinéma américain. C'est lui que le magazine GQ, édition américaine, a choisi de placer sur sa couverture, et à qui il consacre une longue interview. Denzel Washington se retrouvera sur les écrans dans 2 Guns, avec Mark Wahlberg, et dans l'ambitieux Flight. L'acteur revient sur ses premiers pas, sur le regard de Robert De Niro dans Le Parrain II qu'il l'a tant marqué, mais aussi les rôles qu'il n'a pas eus.
"Se7en et Michael Clayton. Avec Clayton [dont le premier rôle sera finalement tenu par George Clooney], c'était le meilleur matériau que j'avais entre les mains depuis longtemps, mais j'était nerveux à l'idée de travailler avec un réalisateur dont c'était le premier long métrage. J'ai eu tort. Ça arrive." Il ne précisera pas pour Se7en quel rôle lui avait été proposé, entre celui de Morgan Freeman et celui de Brad Pitt, notons qu'il était de l'âge du compagnon d'Angelina Jolie. Le comédien voulait également jouer dans Full Metal Jacket de Stanley Kubrick et dans Platoon d'Oliver Stone. Il aurait voulu jouer le rôle de Willem Dafoe.
Ce père de quatre enfants, qui protège sa vie privée des tabloïds, estime être tout simplement un acteur : "Je ne me prends pas au sérieux. Je fais ce que j'ai à faire sérieusement, et j'essaie de bien faire mon travail."
Son père, un pasteur de mouvance protestante évangélique, il en parlera un peu. Ses parents ont divorcé quand il avait 14 ans et jusqu'à ses 18 ans, il ne verra pas son père. Ce dernier l'hébergera quelque temps pour le rejeter ensuite, en lui disant : "Tu es mauvais." Alors qu'il travaillait pour le film Malcolm X, Denzel Washington apprendra par son frère que son père a eu une attaque. Il mourra en août 1991 : "Je n'ai pas versé une larme pour mon père. Il n'y avait pas de connexion." Sans colère ni aigreur, il précisera : "Mon père était un homme décent. Il était très spirituel et un gentleman."
Plus enthousiaste, il évoquera avec fierté ses enfants, sa fille aînée plus précisément qui joue dans le nouveau Tarantino, Django Unchained. Le journaliste lui rappelle qu'il avait eu un conflit avec lui pour USS Alabama, Washington critiquant les dialogues que Tarantino avait ajoutés dans le script et que l'acteur qualifiait de racistes : "J'ai enterré la hache de guerre. 'Je lui ai dit : Ecoute, je m'excuse.' Il avait l'air d'être apaisé. Et voilà que dix ans plus tard, ma fille travaille avec lui."
Avec émotion, Denzel Washington reviendra sur sa relation avec la regrettée Whitney Houston : "C'était comme ma fille, et elle avait beaucoup oeuvré pour s'en sortir. Et c'est la partie la plus difficile dans l'addiction." Le "monstre de la drogue" a eu raison de la star et l'acteur dira : "On ne peut pas se remettre de ce monstre. Personne ne peut. Regardez les gens, et je ne pense pas que c'est déplacé de dire ça, mais Samuel L. Jackson, je le connais depuis plus de trente ans, il était au fond du gouffre et il en est revenu. Il est clean et n'est jamais retombé. Mais il ne peut pas prendre une bière, parce que ça peut le faire retomber. [...] Whitney était une femme si douce, humble. [...] C'est plus un exemple pour moi. [...] Son corps l'a trahie. Elle ne savait pas que son corps vieillissait aussi vite. Elle ne pouvait pas le supporter. Certains survivent, d'autres non."