Championne de l'inconstance, Émilie Fer est devenue la numéro un mondiale en canoë-kayak. Métamorphosée par son titre olympique londonien, la jeune femme s'impose enfin comme la reine de la discipline, écrasant la concurrence grâce à un talent exceptionnel et une technique unique. Un savant mélange qui n'est pas sans rappeler un certain Tony Estanguet...
Le triple champion olympique aujourd'hui membre du CIO était d'ailleurs présent sur le bord de la descente de Prague, où se déroulaient les championnats du monde. Et dans sa version K1, le Français a pu apprécier à sa juste valeur la performance de sa compatriote devenue championne du monde de la discipline ce 15 septembre : "C'est énorme, je suis bluffé. C'est vraiment fort, ce qu'elle vient de faire." Et pour cause. "Je suis vraiment très heureux pour elle car je sais la valeur que représente ce titre, poursuit Tony Estanguet dans les colonnes de L'Équipe. Personnellement, je n'ai jamais réussi à le conquérir l'année après les Jeux ! Je suis impressionné."
Ce dimanche, Émilie Fer, médaille d'or à Londres l'été passé, est donc devenue championne du monde. Enfin !, serait-on tenté de dire. Sportive au talent énorme mais inconstante dans les grands rendez-vous, la trentenaire a clairement franchi un cap avec sa breloque olympique. Depuis sa reprise en février dernier, la jeune femme enchaîne les podiums là où elle perdait ses moyens. Résultat : une place de numéro un mondiale, des victoires en Coupe du monde et l'apothéose ce dimanche à Prague. "C'est presque une saison parfaite, c'est exceptionnel", résume, en extase, l'intéressée. "C'est une réussite magnifique, abonde son entraîneur et compagnon Sylvain Curinier. C'est tellement compliqué de rester au top. En sachant que, jusqu'à Londres, Émilie, dont on connaissait le fort potentiel, était la championne du manque de régularité. Certains disaient même d'elle qu'elle était une fille fragile."
Plus personne ne rigole aujourd'hui et ose mettre la fragilité de la jeune femme en avant. Le constat est le même pour tout le monde. Plus fluide, plus sûre d'elle même, plus puissante et une amplitude à faire pâlir les meilleurs... Au point que certains la comparent à Tony Estanguet, même si Émilie Fer rejette la comparaison. "Je commence à écrire mon histoire et ça me plaît", confirme-t-elle.
Une histoire qu'elle a construite après Londres et ses Jeux olympiques. "Après ma pause de six mois, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, explique Émilie Fer dans les colonnes de L'Équipe. Assez naturellement, ça s'est tout de suite bien passé. (...) Surtout, je gagne deux étapes de Coupe du monde, à Augsbourg et à Bratislava, alors que je n'en avais jamais gagné dans ma carrière. Et je deviens numéro 1 mondiale, une première pour moi."
Alors, comment cette jeune femme inconnue avant son titre olympique est devenue la boss du canoë ? "Après l'or olympique, il y a deux façons d'aborder les choses, analyse la nouvelle championne du monde. Soit tu te mets la pression sur les épaules et tout peut devenir très compliqué. Soit tu te dis, comme je l'ai fait, que tu as déjà atteint l'objectif ultime de ta carrière et tu choisis de t'amuser, de prendre du plaisir tout en restant dans la recherche de la performance. C'est une bonne motivation de se dire que tout ce qui vient sera du bonus, que tu n'as plus rien à prouver."
La preuve avec ce titre de championne du monde...