Eminem a parfaitement réussi sa rémission : après un retour fracassant en 2009 avec l'album Relapse (Rechute), le rappeur de Detroit enchaînait, quelques mois plus tard, avec Recovery (Guérison), porté par le single dévastateur Love the way you lie en duo avec Rihanna. Un diptyque qui l'a remis au centre des débats du hip hop et lui vaut trois nominations aux MTV Video Music Awards qui auront lieu dimanche 12 septembre - une cérémonie au cours de laquelle il se produira en live.
Tout semble donc réussir au Slim Shady. Tout, même quand il n'est pas directement impliqué. Deux anciens producteurs, F.B.T. Productions, ont en effet entamé un bras de fer très tendu avec Universal Music Group, afin de faire revaloriser les royalties issues des ventes digitales. Sujet sensible au possible, puisque ce cheval de bataille pourrait créer un précédent dommageable pour la maison de disques, si tous les artistes venaient à vouloir discuter leur rétribution liée à l'exploitation numérique de leur musique.
En mars 2009, la justice s'était pourtant prononcée en faveur d'Universal Music Group. Mais la requête en appel des frères Jeff et Mark Bass, alias F.B.T. Productions, qui découvrirent Eminem en 1995 et lui firent alors signer un contrat d'exclusivité, a été entendue vendredi par le tribunal, qui, considérant les termes du contrat "sans équivoque", est revenu sur la première décision et a condamné Universal à verser aux plaignants des indemnités liées aux royalties sur les ventes iTunes et sonneries de téléphone.
Le postulat de F.B.T. : les ventes digitales ne sont pas comparable à la vente de disques physiques, mais il s'agit plutôt d'une licence d'exploitation d'un enregistrement, ce qui devrait ouvrir droit à 50% des royalties pour l'artiste. Si la société réclamait donc que la part d'Universal sur les produits numériques soit revue à la baisse (à 50%) et réclamait un peu plus d'un million d'euros de royalties impayées, les termes de la condamnation en appel n'ont pas été divulgués.
Cette victoire pourrait ouvrir une brèche dans le monde du numérique, créant un précédent qui pourrait inspirer d'autres artistes. Sentant le danger, Universal, qui a l'intention de faire appel à son tour de cette décision, s'est élevé : "Il convient de noter que ce jugement ne crée aucun précédent juridique puisqu'il concerne exclusivement les termes d'un contrat d'enregistrement en particulier. Prétendre le contraire serait infondé."