Eric Cantona n'est pas du genre à envoyer dire ce qu'il a sur le coeur, ni à se répéter. Alors, quand il persiste, c'est souvent pour signer ; sous la menace d'une assignation pour diffamation de la part de son ancien coéquipier chez les Bleus Didier Deschamps, l'ex-numéro 7 fameux de Manchester United a souhaité préciser le propos de la discorde.
Dans une chronique publiée jeudi dernier par le quotidien britannique The Guardian, Eric Cantona, 50 ans et 45 sélections en équipe de France de football, interprétait d'une manière très critique le fait que le sélectionneur national n'ait pas retenu l'attaquant du Real Madrid Karim Benzema et celui de l'OGC Nice Hatem Ben Arfa dans sa liste des 23 joueurs convoqués pour l'Euro 2016 (10 juin – 10 juillet), laissant entendre qu'ils aient pu être victimes de racisme. "Une chose est sûre, ce sont les deux meilleurs joueurs en France et ils ne joueront pas à l'Euro. Ce qui est certain également, c'est que leurs origines sont nord-africaines. Donc, oui, le débat est ouvert", écrivait le King, pointant par ailleurs le "nom qui sonne bien français" de Deschamps – "personne ne s'est jamais mélangé avec personne, dans sa famille ; comme les mormons en Amérique", osait-il même. Par voie d'avocat, le principal intéressé a fait comprendre qu'il ne goûtait guère ce genre d'insinuation et ne laisserait pas sans suite ces propos très peu consensuels...
Je suis et serai toujours un homme libre !
Eric Cantona s'est depuis vu offrir par le Journal du dimanche (édition du 29 mai) une tribune pour expliquer cette sortie loin de n'avoir mis mal à l'aise que le champion du monde France 98. "Dans cette période de trouble et de division, j'aurais aimé que toute la France telle que je l'aime et la rêve soit représentée par cette équipe de France", commence l'homme aux 20 buts sous la tunique bleue, rappelant qu'il est l'auteur d'un documentaire (Foot et immigration) mettant sa vision du foot comme un vecteur d'intégration à l'honneur. Puis, considérant comme une "erreur" sportive la non-sélection de Karim Benzema et Hatem Ben Arfa, il transfère le sujet sur un autre terrain : "Ce championnat d'Europe est une opportunité extraordinaire pour envoyer un message clair aux extrémistes quels qu'ils soient", considère le compagnon de Rachida Brakni.
Au coeur de son billet, Canto le franc-tireur, ni encarté, ni endoctriné et athée comme il le souligne, et méprisant par avance ceux qui le taxeraient de racisme anti-Blancs, rappelle – avec point d'exclamation : "Je suis et serai toujours un homme libre !" Une liberté qui va jusqu'à manier la dérision et tourner à la blague sa réflexion sur les mormons : "M. Deschamps devrait se sentir flatté, pense-t-il. Ryan Gosling est mormon et il est le fantasme de toutes les femmes."