George Michael est mort le jour de Noël, il y a presque un an, à l'âge de 53 ans. Dans quelques jours, le 16 octobre, Channel 4 au Royaume-Uni diffusera sa dernière interview dans un documentaire intitulé Freedom, coréalisé par la star et son manager David Austin. George s'y raconte comme il ne l'a jamais fait et porte un jugement très dur sur son existence : "C'est l'histoire de la rencontre entre la célébrité et la tragédie", dit-il en ouverture du film sur lequel il travaillait encore quelques jours avant sa mort.
Au coeur des premiers extraits révélés par le Daily Mail, la tragédie qui aura hanté une grande partie de la carrière de l'artiste : la mort en 1993 de son premier amour, le créateur Brésilien Anselmo Feleppa, d'une hémorragie cérébrale, des suites du sida.
Dans le film, George Michael se rappelle de leur rencontre. Déjà star depuis le succès de Wham! en 1981, le chanteur d'origine grecque est devenue une mégastar depuis la sortie de Faith, son premier album solo en 1988. Au festival Rock in Rio en 1991, il chante devant 160 000 personnes et, au premier rang, le regard d'Anselmo le bouleverse : "Il était à droite de la scène et me fixait. Il a capté mon attention à tel point que j'ai dû arrêter d'aller de ce côté-là tellement cela me troublait. Il était tellement mignon. Je suis resté à distance parce que j'avais peur d'oublier les paroles de mes chansons. À un moment donné, je l'ai regardé et j'ai compris qu'il ferait partie de ma vie."
Le staff du chanteur organise la rencontre après le concert. Anselmo Feleppa et George Micahel ne se quitteront plus. "Tout a changé, se souvient le chanteur. J'étais heureux comme je ne l'avais jamais été." Les six mois suivants seront les plus parfaits de la vie du chanteur. Anselmo le libère, lui apprend à accepter sa sexualité, mais à Noël 1991, tout bascule. George Michael est au Royaume-Uni avec sa famille qui ignore tout de sa vie intime et amoureuse. Il est mort de trouille. À Los Angeles, Anselmo doit faire un test HIV en raison d'une grippe qui ne le quitte plus. Quand le diagnostic tombe, le monde de George Michael s'effondre : "J'étais terrifié. Terrifié de le perdre. Il était mon sauveur. (...) Puis ma mère est tombée malade d'un cancer. J'avais l'impression que Dieu s'en prenait directement à moi. Je l'ai très mal vécu, je n'avais jamais vécu une telle dépression. (...) J'étais absolument dévasté."
Alors que son compagnon est malade, au printemps 1992, George Michael rend hommage sur scène à Freddie Mercury décédé quelques mois plus tôt, d'une pneumonie liée au sida. Le chanteur avoue que, ce soir-là, c'est pour un Anselmo mourant qu'il chantait. Pour couronner le tout, c'est l'époque où George attaque Sony Music pour avoir, selon lui, saboté la sortie de son album Listen Without Prejudice Vol. 1 (1990). Selon son manager, cela faisait beaucoup pour un seul homme.
Anselmo Feleppa s'éteint en 1993. La source d'inspiration du chanteur se tarit durant dix-huit mois, jusqu'à l'écriture du sublime Jesus to a Child (1996). En 1997, la mère de George succombe au cancer. Il traverse les années les plus noires de son existence malgré le succès. En 1998, alors qu'il vit depuis deux ans avec le marchand d'art Kenneth "Kenny" Goss, George Michael est arrêté dans une pissotière de Los Angeles pour comportement obscène. Ce coming out contraint et forcé le libère, et la même année, il parodie son arrestation dans le clip Outside, hymne disco à la gloire du sexe en plein air. George Michael transforme des toilettes publiques en boîte de nuit et chante déguisé en flic dans le clip du premier extrait de sa compilation Ladies & Gentlemen: The Best of George Michael.
Depuis ce coming out, le plus fracassant et génial à la fois de la pop, George ne chantera plus jamais Jesus to a Child sans la dédier à son premier amour, Anselmo.
Le documentaire Freedom débute par ses mots de Kate Moss, amie proche du chanteur : "Voici la dernière oeuvre de George." De nombreuses personnalités y participe, de son manager historique à Elton John en passant par Liam Gallagher et Stevie Wonder. Naomi Campbell, Christy Turlington, Cindy Crawford, Tatjana Patitz et Linda Evangelista, stars du clip Freedom, apparaissent également dans le film. Et le second amour du chanteur Kenneth Goss, avec lequel il est resté une quinzaine d'années se confie également, mais George Michael s'attarde peu sur ses dernières années de carrière, sa pneumonie qui a failli le tuer en 2011 et ne fait pas référence à son dernier amant, Fadi Fawaz, avec lequel il était depuis 2009. C'est ce dernier qui a trouvé le chanteur mort dans son lit le jour de Noël dans son manoir de Goring dans l'Oxfordshire. Lui encore qui a appelé les secours après avoir tenté de la réanimer pendant une heure...
Dans son film, George dit espérer que le "public se souviendra de lui comme quelqu'un d'intègre, mais c'est peu probable". "Tout ça n'aura servi à rien, admet-il dépité. Ma vie a été une perte du temps." Il repose au cimetière de Highgate (quartier nord de Londres) auprès de sa mère.
Son manager David Austin révèle qu'avant sa mort, George Michael travaillait sur de nouvelles chansons. Chansons qui, le promet-il, verront bel et bien le jour...