Femme d'affaires milliardaire, créatrice de mode, professeur de sciences politiques et même chanteuse... Gulnara Karimova, fille du dictateur ouzbek Islam Karimov, est à première vue un parfait exemple de réussite. Mais celle que l'on surnomme "La princesse" est aussi et surtout une businesswoman à la réputation sulfureuse citée dans de troubles affaires judiciaires. Et après la Suisse, la France s'intéresse aujourd'hui au cas de la sublime blonde en ouvrant une information judiciaire concernant des opérations de blanchiment d'argent...
Depuis cet été, la vie dorée de Gulnara Karimova se trouve menacée. C'est en effet à cette période que la justice helvète a gelé plusieurs comptes bancaires estimés à des centaines de millions de francs suisses appartenant à la fille à papa de 40 ans, à la tête d'une fortune évaluée à plus d'un milliard d'euros. La raison ? Plusieurs proches de "La princesse" sont soupçonnés d'être impliqués dans une opération de blanchiment, selon Rue89, parmi lesquels on retrouve son assistante personnelle, deux cadres de Coca-Cola en Ouzbékistan et un homme d'affaires en déclin.
Le parquet suisse a alors ordonné une perquisition dans plusieurs résidences de luxe appartenant à Gulnura Karimova, qui possède, entre autres, une villa dans le Var tout près de Saint-Tropez, et un immeuble dans le 16e arrondissement de Paris. Et pour gérer ses propriétés, la fille aînée du dictateur au pouvoir depuis 1989 a créé deux société immobilières (SCI) à Paris, confiées à Alisher Ergashev, ex-cadre de Coca-Cola en Ouzbékistan, arrêté cet été en Suisse puis relâché sous caution trois mois plus tard. Une enquête a ainsi été ouverte en France, confiée au juge Serge Tournaire, déjà en charge de plusieurs affaires dont le dossier Bernard Tapie.
L'information judiciaire ouverte en France pour des faits de blanchiment et de corruption, selon Rue 89, concerne plus précisément des pots-de-vins à hauteur d'au moins 300 millions de dollars qu'aurait versés l'opérateur de télécommunication suédois TeliaSonera pour s'implanter en Ouzbékistan en 2007. Une somme blanchie via sa jeune assistante, Gayané Avakyan, propriétaire de la société-écran Takilant basée à Gibraltar.
Au coeur de la polémique en Suisse, Gulnura Karimova (40 ans) avait alors nié être impliquée dans tout blanchiment d'argent, évoquant des "adversaires" ayant associé son nom à l'affaire. Mais, comme l'indique Marianne, l'héritière a alors brutalement quitté son poste d'ambassadrice de son pays auprès de l'ONU à Genève et serait rentrée en Ouzbékistan après la perquisition parisienne.
Un scandale qui ne devrait pas arranger la réputation de Gulnura Karimova, déjà bien entachée dans son pays. "La plupart des Ouzbeks la voient comme une personne avide, assoiffée de pouvoir, utilisant son père pour broyer les hommes d'affaires ou quiconque se mettrait sur son chemin", expliquait ainsi un document américain mis en ligne par Wikileaks en 2010 et cité par Rue89. Considérée comme capricieuse, elle aurait ainsi bloqué pendant plusieurs jours la ville historique de Bukhara durant l'été 2012 pour tourner un clip, sous le nom de scène de Googoosha.
Connu pour sa proximité avec certains chefs d'Etat d'Asie centrale, dont le tristement célèbre Ramzan Kadyrov en Tchétchénie, Gérard Depardieu avait même enregistré un duo avec elle, Nebo moltchit (Le ciel se tait, en russe) en janvier dernier, énième fait d'arme de Gulnura Karimova, qui avait également convaincu l'acteur de participer à la série télé historique dont elle est l'auteure. Preuve de son impopularité, des manifestants pour la protection des droits de l'homme avait fait annuler la présentation de sa collection de bijoux à la Fashion Week de New York en 2011.
Et Gulnara Karimova ne fait pas non plus l'unanimité dans sa famille. Ses affaires ne plairaient ainsi pas du tout à sa soeur Lola Karimova-Tillyaeva (35 ans), ambassadrice de l'Ouzbékistan auprès de l'UNESCO à Paris, qui serait en froid avec elle.