Les aventures de la pétillante adolescente Electra Brown n'auront pas d'autre tome : plus de trois mois après sa disparition, qui avait affolé les médias britanniques, le cadavre de la romancière anglaise Helen Bailey, sa créatrice, a été découvert et son compagnon a été inculpé de son meurtre.
L'auteure à succès de livres pour adolescent(e)s et jeunes adultes, âgée de 51 ans, n'avait plus donné signe de vie depuis le 11 avril dernier, date à laquelle elle avait été vue en train de promener son petit teckel, Boris, aux abords de son domicile à Royston, dans l'Hertfordshire en Angleterre. Si l'enquête de police s'était d'abord orientée vers l'éventualité qu'elle soit partie quelques jours dans sa maison du Kent pour se ressourcer, comme le croyaient certains de ses amis, et qu'elle souffre de problèmes de dépression, cette piste a fait long feu : lundi dernier, les services en charge des investigations sont retournés à son domicile et ont fini par découvrir dans son jardin les restes d'un corps humain - le sien, comme cela a été confirmé samedi - dont l'autopsie doit avoir lieu lundi 18, ainsi que ceux de son petit chien.
La police a procédé le même jour au placement en garde à vue de Ian Stewart, 55 ans, soupçonné d'avoir tué l'écrivain, d'avoir dissimulé sa dépouille et d'avoir volé sa fortune - de l'argent a été retiré de son compte après sa mort. Il a été à nouveau arrêté et interrogé vendredi 15 juillet, puis inculpé de meurtre, mais aussi d'entrave à la justice, pour avoir déclaré la disparition d'Helen, et de privation du droit à des obsèques décentes, des chefs d'accusation pour lesquels il comparaîtra lundi devant le tribunal. "Helen, avait-il écrit peu après sa disparition, où que tu sois, j'espère que tu auras ce message et que tu l'écouteras attentivement. Vous nous manquez tellement, Boris et toi. Nous sommes bouleversés, à bien des égards. Tu apportes tellement de choses à tant de gens, tu n'as même pas idée. Quoi qu'il ait pu arriver, où que tu sois, je vais venir vous récupérer, Boris et toi, et je te donnerai tout ce qu'il te faut." L'homme, qui travaille dans l'informatique et est le père de deux garçons, serait même parti en vacances à Majorque au mois de juin après son méfait, des vacances organisées par le couple avant la disparition d'Helen Bailey...
A l'annonce de l'identification du corps, la famille de la romancière a exprimé sa vive émotion : "Nous partageons avec les amis, voisins et fans d'Helen notre choc, notre incrédulité et notre tristesse en apprenant sa mort tragique. En tant que famille, nous exprimons aussi notre solidarité avec ceux qui, dans le monde, ont aussi souffert la perte de proches dans des circonstances tragiques. Helen était immensément spirituelle et talentueuse. Nous l'aimons profondément et sommes immensément fiers de ce qu'elle a accompli. Elle est maintenant en paix et elle va terriblement nous manquer."
Helen Bailey rencontrait depuis quelques années un grand succès avec la série d'ouvrages consacrée à son héroïne, Electra Brown, ou les tribulations d'une adolescente prise entre un père en pleine crise de la quarantaine, une mère intoxiquée à la télé, un petit frère qui vole des Tampax dans les magasins et un cochon d'Inde taré. Elle avait publié cinq romans dans la série du "Crazy World of Electra Brown" - Life at the Shallow End (2008), Out of my Depth (2008), Swimming Against the Tide (2009), Taking the Plunge (2009), et Falling Hook, Line & Sinker (2010) -, qui lui valut une nomination pour un prix littéraire jeunesse, avant de faire apparaître un nouveau personnage, Daisy Davenport, en 2011 dans Running in Heels, qui s'adressait à un lectorat un peu plus âgé.
L'écrivain avait vécu un drame personnel en 2011, lorsque son mari, John Sinfield, était mort noyé au cours de leurs vacances à la Barbade. Une tragédie qui avait nourri le premier livre d'Helen Bailey à destination d'un public adulte, When Bad Things Happen in Good Bikinis (2015), qui retraçait son travail de deuil - et dont Boris était aussi le héros.