Une comtesse italienne, dont le corps a été retrouvé dans le sud de la France, victime d'une incroyable malédiction ?
Publié le 25 août 2024 à 10:37
Par Lucie Gosselin | Rédactrice
Journaliste passionnée, depuis plus de 10 ans, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages ou des interviews.
Une villa sublime qui surplombe la mer sur la Riviera italienne, une malédiction liée à des fouilles archeologiques en Egypte, un scandale politico-financier, de la drogue, des histoires d'amours complexes : tels sont les morceaux du puzzle que personne n'a réussi à reconstituer et qui font que le mystère demeure. Voici l'incroyable et tragique histoire de la comtesse Francesca Agusta...
Une comtesse italienne, dont le corps a été retrouvé dans le sud de la France, victime d'un incroyable malédiction ?
En janvier 2001, la Comtesse Francesca Agusta trouvait la mort dans des circonstances troubles.
Francesca Vacca Agusta lors de l'inauguration de l'hôtel Baglioni à Florence, Italie, l © Guindani Stefano/SGP/Bestimage La thèse officielle explique qu'accidentellement, elle serait tombée dans la mer, plus de 100 mètres sous sa sublime villa.
Villa Altachiara de Vacca Agusta Francesca à Portofino, Italie, le 26 août 2001 © Guindani Stefano/SGP/Bestimage Mais de nombreuses questions restent sans réponse au sujet de cette mystérieuse mort.
 1980  Rome : la comtesse Francesca Vacca Agusta sur une photo d'archive. Cette riche héritière a-t-elle été tuée, comme certains le pensent ?
Vacca Agusta Francesca, Di Savoia Doria Marina, Chazaro Tito, lors du défilé de mode printemps/été 2000 de Gai Mattiolo dans les coulisses de Milan, Italie, le 26 septembre 1999. © Guindani Stefano/SGP/Bestimage À moins qu'elle n'ait été victime de la malédiction de Toutânkhamon ?
Vacca Agusta Francesca et Leonardelli Massimo lors de l'inauguration de l'hôtel Baglioni à Florence, Italie, le 1er juin 2000. © Guindani Stefano/SGP/Bestimage
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Le hasard veut qu'il y ait sur le domaine du Cap Benat, au sud de Bormes-les-Mimosa dans le Var, une plage nommée Portofino. C'est à peu près là que le 22 janvier 2001, un corps méconnaissable, déchiqueté par les poissons et en grande partie décomposé par des journées passées dans l'eau de mer s'est échoué. À l'exception de deux anneaux portés à un doigt, aucun signe ne permettait d'identifier ce reste de cadavre que la morgue de Toulon avait récupéré. Jusqu'à ce qu'un avis de recherche éclaire les gendarmes en charge de l'enquête. Il a été émis en Italie et mentionne le nom de Francesca Agusta, une comtesse disparue dans des circonstances énigmatiques le 8 janvier précédent à... Portofino, sur la Riviera Italienne, à 400 km de là ! La bague, rapidement identifiée par des proches, ainsi que des analyse ADN le confirment, c'est bien le corps de la Comtesse qui, poussé par les courants, a dérivé jusqu'aux côtes françaises...

Le 8 janvier, vers 19h, enveloppée dans un peignoir blanc, Francesca sort de la sublime villa dans laquelle elle réside sur les hauteurs de Portofino et lance à son amant, le Mexicain Tirso Rosario Roncado, à sa meilleure amie, Suzanna, et à un femme de maison : "Je vais prendre un bain." Etant donné la saison, et surtout la hauteur de la propriété qui surplombe de plus d'une centaine de mètres la Méditerranée, il ne s'agit sûrement pas d'un bain de mer. C'est pourtant là qu'elle va se retrouver... Or à la grande surprise des légistes français qui l'examineront quinze jours plus tard, ses poumons ne contiennent pas d'eau. Elle n'est donc pas morte noyée. Pour les médecins français, elle a succombé à plusieurs fractures du crâne. Qu'est-ce qui l'a donc tué ? S'agit-il d'un accident, d'un suicide, d'un meurtre ? Le mystère est aussi épais que celui qui entoure la surprenante demeure dans laquelle elle habitait...

On l'appelle aujourd'hui la villa Altachiara mais elle a longtemps porté le nom du Comte Anglais qui l'a faite bâtir en 1874 : Carnavanon. Cet homme politique britannique, Henry Herbert de son vrai nom, était le chef du parti conservateur. Il voyait les choses en grand. Avec ses 30 pièces, sa vue à 360 degrés sur la mer, la bâtisse de style victorien -à l'image de la fameuse maison bleue de Maxime Le Forestier- qu'il fit construire, tel un énorme bloc de pierres blanches posé au-dessus de l'azur, attirait les regards. Mais de vieilles histoires couraient, qui disaient qu'elle attirait aussi les malheurs...

Une maison frappée par la malédiction d'un pharaon

En édifiant ce petit palais entre ciel et mer loin de l'Angleterre, dans cette Ligurie baignée de soleil, le Comte pensait à son fils, George, un jeune homme à la santé fragile mais un égyptologue de renom. Il a notamment financé et participé à l'expédition qui a découvert la tombe de Toutânkhamon. Mais quelques semaines après sa fabuleuse trouvaille, Lord Carnavanon fils meurt, victime d'une infection après s'être taillé avec son rasoir sur une vilaine piqûre de moustique. C'est le premier d'une série de 26 décès de personnes ayant toutes, de près ou de loin, un rapport avec les fouilles archéologiques en Egypte à cette époque : c'est la malédiction de Toutankhamon ! Est-ce elle qui frappera le neveu de George, héritier de la villa, qui trouvera la mort dans le jardin en chutant dans les escaliers ? Elle qui scellera le destin de la comtesse Agusta ?

Francesca Vacca Graffagni est née à Gênes en 1942. Jolie femme issue d'une famille bourgeoise, elle devient mannequin à 20 ans et subjugue par sa beauté et son caractère désinvolte le comte -encore un- Corrado Agusta, un riche entrepreneur à la tête de la principale entreprise mondiale de construction d'hélicoptères militaires. "Ce fut une nuit de foire. Il était très beau et avait les yeux de la même couleur que celle peinte sur ses joyaux, les hélicos A 109", racontera la comtesse après leur rencontre. Auprès de cet homme de 20 ans son aîné, et après la dolce vita de ses premières années la jeune femme s'apprête à mener... la grande vie !

Années 1980 Rome, la comtesse Francesca Vacca Agusta sur une photo d'archive. © BestImage, ARCHIVIO STORICO / BESTIMAGE

Soirées avec des membres éminents du Gotha, ou des personnalités politiques de premier plan à l'instar de Ronald et Nancy Reagan, yacht de 64 mètres amarré à Monaco, chalet en Suisse, haciendas au Mexique, appartements dans le monde entier : Francesca découvre les joies de la vie de comtesse. Son château : la villa Altachiara, à Portofino. Elle en confie la décoration au milieu des années 70 à un Renzo Mongiardino, illustre architecte d'intérieur, qui la transforme en palace où se pressent de venir, en hélicoptère s'ils le veulent, la maison étant dotée d'un héliport, les plus grands noms de l'Italie de jadis : Les Pirelli, Mondadori ou Berlusconi.

"C'était champagne caviar et drogue"

Interrogé par Paris Match qui a mené l'enquête sur place il y a quelques semaines, Vittorio Sgarbi, historien de l'art et ex-secrétaire d'État à la Culture se remémore cette époque : "Il y avait une ambiance exaltante. C'était champagne, caviar et drogue. Francesca vivait dans une autre dimension, irréelle, décadente, mais elle était une personnalité intéressante, excentrique, théâtrale." Son mari est-il choqué par les débordements de sa femme ? Le tout est qu'en 1984, Corrado Agusta la quitte, mais ne demande pas le divorce. Cinq ans plus tard, à sa mort, la veuve qui n'a pas encore 50 ans hérite de sa fortune, estimée à plus de 300 millions d'euros... et de sa maison.

À la fin des années 80, la demeure est devenue le refuge d'un grand ami de la Comtesse, Bettino Craxi qui n'est autre que le président socialiste du Conseil Italien, l'équivalent de notre Premier ministre. Un homme politique puissant auquel ne va pas tarder à s'intéresser la justice italienne dans le cadre de sa célèbre opération Mani Pulite (Mains propres).

Dans ces mêmes années, Francesca a retrouvé l'amour. Le nouvel élu de son coeur s'appelle Maurizio Raggio. Son prestige est moindre : il tient un bar américain sur le port de Portofino. Mais cet ancien playboy connaît du monde. Lorsque l'étau judiciaire se resserre sur Bettino Craxi, c'est à Raggio que l'homme politique va confier la délicate mission de garder et cacher les fonds indûment gagnés du parti : près de 16 millions d'euros. Ignorant ou feignant d'ignorer les manigances de ces hommes sans scrupules, la comtesse va se retrouver dans le viseur des autorités.

Vacca Agusta Francesca et Raggio Maurizio lors de l'inauguration de l'hôtel Baglioni à Florence, Italie, le 1er juin 2000. © Guindani Stefano/SGP/Bestimage © BestImage, SGP / BESTIMAGE

Accusée, acculée, désespérée, elle décide de s'enfuir en octobre 1994 au Mexique ­où elle tente de se suicider avant d'être arrêtée et extradée, trois ans plus tard. Mais sa descente aux enfers a déjà commencé. En avril 1997, raconte Paris Match, elle est retrouvée inconsciente par sa gouvernante, étouffée après avoir vomi. Ses avocats exigent qu'elle puisse revenir en Italie. C'est une femme abîmée par la vie qui retrouve la ville de Portofino où un étrange ménage à trois commence.

Séparée de Maurizio Raggio, elle est tombée amoureuse de Tirso Chazaro dit "Tito" son garde du corps mexicain qui la suit en Italie. Elle s'éprend ensuite de Susanna Torretta, une vendeuse qui s'installe aussi avec eux. Un témoin, cité par Paris Match raconte qu'à cette époque "Francesca prenait beaucoup de drogue, et son entourage savait se rendre indispensable en la fournissant".

Son ex est persuadé qu'elle a glissé et que c'est une accident

Lorsqu'elle quitte la maison, en cette soirée du 8 janvier 2001, elle est ivre et droguée, raconteront Tito et Susanna aux enquêteurs. Est-elle tombée dans le vide après avoir glissé sur des feuilles mortes comme le pense Maurizio Raggio, qui héritera d'une grande partie de la fortune de la défunte ? C'est l'hypothèse que retiendront les enquêteurs. Pourtant, d'innombrables questions demeurent.

Pourquoi les trois occupants de la luxueuse villa n'ont-ils alerté les policiers que sept heures après sa disparition ? Comment se fait-il que les caméras de surveillance soient tombées en panne justement ce 8 janvier ? Pourquoi les enquêteurs italiens qui ont inspecté la falaise n'y ont-ils trouvé aucune trace de sang ? Pourquoi n'a-t-on pas non plus trouvé de traces d'alcool ou de tranquillisants dans le corps de la comtesse après son autopsie ? Comment expliquer que les experts aient estimé qu'elle était morte dix jours avant que son corps ne soit découvert, c'est à dire, plusieurs jours après sa disparition ? Vingt ans après, elles restent sans réponse.

Quant à la maison, nous apprend Paris Match, un oligarque russe proche de Poutine en avait fait l'acquisition il y a quelques années avant d'y réaliser de gigantesques travaux. Mais la guerre en Ukraine a changé la donne. Il a dû partir. Désormais, le bien a été saisi et les autorités en interdisent formellement l'entrée. Comme pour en préserver le mystère.

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