En cette journée d'hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, une cérémonie se déroule dans la Cour d'Honneur de l'Hôtel national des Invalides. À 10h30, François Hollande est arrivé. Retentit alors La Marseillaise. Puis le chef de l'État a passé en revue les troupes, avant de rejoindre la place qui lui est réservée. Deux mille personnes ont été conviées à cette cérémonie : des politiques bien sûr, mais surtout les familles des 130 victimes que pleure aujourd'hui toute la France.
Sur un écran géant, le portrait de celles et ceux qui ont perdu la vie défile tandis que sur scène prennent place Camélia Jordana, Yael Naim et Nolwenn Leroy. Toutes les trois, habillées en noir, offrent une reprise bouleversante de Quand on a que l'amour de Jacques Brel. L'émotion est palpable et se lit sur les visages des trois artistes, comme sur celui du président.
C'est ensuite à la merveilleuse Natalie Dessay de s'emparer du micro. Accompagnée par Alexandre Tharaud, la soprano interprète une magnifique chanson de Barbara, Perlimpinpin. "Pour qui, comment quand et pourquoi ? Contre qui ? Comment ? Contre quoi ? C'en est assez de vos violences...", chante Natalie Dessay.
La France resterait elle-même, telle que les disparus l'avaient aimée, et telle qu'ils auraient voulu qu'elle demeure
Après avoir entendu ces deux monuments de la chanson française, l'assistance se lève. Le nom et l'âge des 130 victimes sont lus à voix haute. Une minute de silence est observée avant que le président prononce un discours qu'il a souhaité "sobre, solennel et grave", selon l'Elysée. François Hollande a promis que "la France resterait elle-même, telle que les disparus l'avaient aimée, et telle qu'ils auraient voulu qu'elle demeure".
Le président de la République a évoqué avec poésie les victimes du 13 janvier, parlant de ces "130 noms, 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l'on n'entendra plus, 130 voix qui à jamais se sont tues". Ce sont "des parents qui ne reverront plus leur enfant. Des enfants qui grandiront sans leurs parents. Des couples brisés par la perte de l'être aimé. Des frères et des soeurs, pour toujours séparés". "Ces hommes, ces femmes avaient tous les âges. Mais la plupart avaient moins de 35 ans. Ils étaient des enfants lors de la chute du mur de Berlin. Ils n'avaient pas eu le temps de croire à la fin de l'Histoire. Elle les avait déjà rattrapés quand survint le 11 septembre 2001 (...) C'est parce qu'ils étaient la France qu'ils ont été abattus, c'est parce qu'ils étaient la liberté qu'ils ont été massacrés."
Malgré les larmes, cette génération est aujourd'hui, devenue le visage de la France
François Hollande a poursuivi en évoquant l'ennemi : "Nous connaissons l'ennemi. C'est la haine, celle qui tue à Bamako, à Tunis, à Palmyre, à Copenhague, à Paris et qui a tué naguère à Londres et à Madrid. L'ennemi, c'est le fanatisme qui veut soumettre l'homme à un ordre inhumain. C'est l'obscurantisme, c'est-à-dire un islam dévoyé (...) Cet ennemi, nous le vaincrons ensemble. Avec nos forces. Celles de la République. Avec nos armes, celles de la démocratie. Avec nos institutions. Avec le droit." Le président a terminé son discours par une note d'espoir et un dernier mot, très touchant, pour les victimes : "La liberté ne demande pas à être vengée mais à être servie. Je salue cette génération nouvelle. Elle a été frappée. Elle n'est pas effrayée. Elle est lucide et entreprenante (...) Elle vivra. Elle vivra pleinement au nom des morts que nous pleurons aujourd'hui. Malgré les larmes, cette génération est aujourd'hui, devenue le visage de la France."