Depuis son Oscar de la meilleure actrice en 2008 pour son rôle dans La Môme d'Olivier Dahan, la comédienne française Marion Cotillard, 34 ans, a littéralement explosé et a pris une véritable ampleur internationale. Son rôle dans Public Enemies (voir la bande-annonce) et sa participation à Inception (voir la bande-annonce), où elle a côtoyé notamment Johnny Depp, Christian Bale et Leonardo DiCaprio, en sont des preuves évidentes.
Celle que nous avons retrouvée fin 2009 au générique du Dernier vol (voir la bande-annonce), de Karim Dridi, aux côtés de son compagnon Guillaume Canet, va envahir de nouveau nos écrans dès le 3 mars dans le très attendu Nine (voir l'une de ses remarquables prestations), de Rob Marshall (Chicago), qu'elle interpréte aux côtés de Daniel Day-Lewis, Nicole Kidman, Penélope Cruz, Kate Hudson, Fergie, Sophia Loren et Judi Dench.
A l'occasion de la sortie imminente de cette comédie musicale sexy et glamour, l'hebdomadaire Paris-Match, en kiosques demain, a rencontré la star qui revient sur son parcours, et son père - Jean-Claude Cotillard, homme de théâtre - qui dévoile de petits secrets autour de sa mystérieuse star de fille. Extraits.
Marion : "Je crains souvent d'être indécente, de trop me livrer. Avant, je disais tout, et j'avais l'impression de me voler quelque chose pour trop donner aux autres. Aujourd'hui, je protège plus. Autant je trouve intéressant de raconter ses fêlures - ça peut aider quelqu'un à avancer -, autant j'estime déplacé d'étaler sa vie privée. Emmanuelle Béart parle merveilleusement bien de la femme, des femmes, avec une façon de raconter des choses intimes sans être impudique... Moi, je ne sais pas."
Marion : "Quelqu'un de public s'expose toujours au jugement. Cela fait partie du jeu. Mais ni les coups ni les mots ne me font réellement peur. Ils me blessent parfois, et c'est à ce moment-là qu'il faut prendre du recul et se rappeler des choses vraiment importantes."
Marion : "L'été dernier, j'ai tourné Inception, de Christopher Nolan, avec Leonardo DiCaprio, dans les studios d'Universal. Chaque matin, en traversant les plateaux où se font les plus grandes séries américaines, que j'adore, ou quand je passais devant les bureaux de Spielberg, mon coeur battait la chamade. Ces studios sont tellement chargés d'histoire que je me disais : "Comment est-ce possible que moi, petite actrice française, je sois là à jouer avec des superstars dans une grosse production américaine ?" Je n'en reviens toujours pas, je me sens un peu comme au pays des merveilles. Petite fille, lorsque je regardais les photos de ces belles actrices qui changeaient tout le temps de tête, j'avais envie d'une seule chose, leur ressembler. J'ai toujours souhaité faire ce métier, je voulais vivre de grandes aventures en racontant des histoires, mais je ne rêvais pas de Hollywood."
Marion : "Avoir un Oscar a apaisé beaucoup de choses en moi, mais pas tout. Maintenant, quand je rencontre un metteur en scène, je suis beaucoup plus détendue. Il connaît déjà mon travail, je me sens moins obligée de lui faire un numéro de séduction pour essayer de lui plaire. J'ai du mal avec ce qui n'est pas naturel. On peut aussi séduire juste en étant soi-même."
Marion : "Je suis égocentrique. J'ai fini par l'assumer en lisant des interviews de personnes que j'admirais et qui n'avaient pas honte de l'admettre... J'ai besoin du regard des autres, et d'amour. Mais ce n'est pas pour cette seule raison que je fais ce métier."
Marion : "J'étais nominée aux Golden Globes pour Nine, mais quand Meryl Streep est en face, personne d'autre ne peut gagner ! Mon plaisir est de décrocher un rôle. La suite, je n'y pense même pas."
Marion : "Je ne cherche pas à entretenir un quelconque mystère autour de ma relation amoureuse. Simplement, si j'accepte de montrer le côté artistique de notre vie, je n'ai pas envie d'exposer le côté privé. Je trouverais ça de mauvais goût. Je ne l'ai jamais fait, ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer."
Jean-Claude : "Marion a baigné dans un univers familial où elle a vu beaucoup de mime et de danse. Mais je ne sais rien de la façon dont ces représentations ont pu voyager en elle. Marion est très secrète. Et je ne lui pose pas de questions, sa vie n'appartient qu'à elle. C'est sans en référer à qui que ce soit qu'elle a choisi de fonder son travail sur le corps et la rythmique du jeu d'acteur. (...) Ma seule exigence, comme pour ses frères, a été qu'elle parle anglais parfaitement, qu'elle sache conduire et qu'elle ne laisse jamais personne décider à sa place. Si on est libre, dépourvu d'avidité matérielle et avec un ego ordinaire, il est plus facile d'aller là où on veut aller."
Jean-Claude : "L'ego, c'est comme le cholestérol, il y a le bon et le mauvais ! Il faut un équilibre. Pour l'acteur, il doit se faire entre l'humilité et l'insolence. Sans humilité, pas de créativité. Mais sans insolence, où trouver l'incroyable courage d'entrer en scène ?"
Jean-Claude : "Marion et moi sommes spontanément restés sur la même ligne qu'avant. Elle ne me parle jamais de ses difficultés ni de ses défis. Et moi non plus. Par exemple, pour Nine, elle s'est bornée à me dire : "Je tourne dans une comédie musicale et je suis très contente." Rien de plus. Ni de sa part ni de la mienne. Et dès qu'on se revoit, on retrouve immédiatement nos vieux codes. Les concours de jeux de mots déconneurs, par exemple, les blagues en famille."
Jean-Claude : "Si Marion est aujourd'hui ce qu'elle est, ce n'est pas parce qu'elle a voulu aller au bout du monde. Mais parce qu'elle a cherché à aller au bout d'elle-même. A mes yeux, c'est la seule chose intéressante dans la vie..."
Pour découvrir en intégralité cette double-interview passionnante, rendez-vous dans le nouveau numéro de Paris-Match, en kiosques dès demain.
Adam Ikx