"Liberté aux braguettes ! Vous devriez en faire autant, c'est une libération, un bonheur pour les sens", s'exclame la férocement sensuelle Izia. La fille du grand Jacques Higelin et soeur d'Arthur H n'aurait pu trouver mieux que ce trait tout empli d'une spontanéité réellement "enfantine" pour vanter la nouvelle dimension d'une maison qui a bâti sa solide réputation sur l'art de faire... des culottes.
Entre simulacre de cour de récré et rugissement érigé sur la maturité sexuelle, ce cri de guerre improvisé (par la force des choses, son pantalon jouant la carte de l'évasion en live) porte déjà à lui seul toute la puissance symbolique de la collaboration qu'entame Izia Higelin avec la marque au long cours Petit Bateau. Une association qui va faire grand bruit ; en réalité, ça a déjà commencé.
Hier soir, en effet, Petit Bateau présentait officiellement, dans la moiteur trendy et confidentielle du Scopitone (avenue de l'Opéra, à Paris), sa nouvelle ambassadrice tapageuse (elle est loin, la Marinette du siècle dernier, égérie iconique des culottes de la famille Valton), illustration modernissime de la vocation libératoire de la marque. Avec le confort inscrit en lettres d'or dans ses fondamentaux identitaires, Petit Bateau, contrairement à l'adage philosophique qui veut que la plus grande liberté naisse de la plus grande contrainte, défend avec ferveur sa position : c'est du confort que naît la plus grande liberté, pour les enfants comme pour les adultes !
Nouveau visage et... nouvelle énergie de la griffe fondée en 1883, Izia Higelin était présente - tout comme JoeyStarr, qui s'était déjà déplacé par le passé pour voir la jeune créature en showcase -, pour assister au dévoilement en avant-première du clip de Let me alone. Cette chanson extraite de l'album éponyme d'Izia paru l'an dernier est devenu l'hymne libertaire de la nouvelle campagne de Petit Bateau (réalisée par BETC Euro RSCG), baptisée "Les mois" et basée sur l'idée de chronologie vitale : l'âge énoncé en mois, flanqué de la nouvelle accroche "Pour toujours", rend compte de la densité du vécu et de ce qui reste à vivre, avec une identité intensément assumée à bord de l'esprit Petit Bateau. "Quels que soient leur âge et leur personnalité, Petit Bateau respecte les individus et les invite à rester qui ils sont, fidèles à l'enfant qu'ils ont été", explique la marque pour entériner le repositionnement de sa communication, sur le site dédié à son partenariat avec l'artiste AZ.
Alors que la déclinaison en spot publicitaire verra le jour très bientôt (le 4 mars), c'est le clip de Let me alone que nous vous offrons de regarder ci-dessus, élaboré sur le thème de chronologie accélérée : en clair, en 2'50mn, vous parcourez les 19 premières années d'existence de la nouvelle idole rock française, Izia, 231 mois. Regardez le clip : le procédé est savoureux (ce type de juxtaposition de plans fixes avait notamment révélé l'excellent Fredo Viola avec The Sad Song), les bouilles régalantes, la croissance fascinante, la bande-son... explosive, évidemment.
Le show inaugural proposé hier par la jeune femme et son rock estampillé seventies était dans la même veine, ou plutôt du même baril de poudre. Brunette hairbangeuse au décolleté pigeonnant et à la bouche gourmande s'ouvrant comme un vortex, aspirant et refoulant une énergie colossale, Izia a interprété, fauve rock indomptable à la voix capable du plus doux des velours, quelques-uns des morceaux tonitruants de son album (Back in town, The Train, Let me alone) ainsi qu'un "petit blues" composé avec son guitariste Sébastien Hoog, et, bien sûr, le titre Let me alone en version longue - limite mashup en transe.
Que Petit Bateau nous pardonne de pasticher une signature mémorable, mais Izia est définitivement une ambassadrice idéale, car... A quoi ça sert de faire du méchant rock, si on n'a pas les vêtements pour faire n'importe quoi dedans ?!
Guillaume Joffroy