Ceux qui avaient suivi le parcours promo un peu houleux de Jay Kay nourrissaient peut-être une petite appréhension, lundi soir, en attendant à l'Arc le malin génie du funk et son groupe, Jamiroquai. Mais après sa charge contre le X Factor britannique et une attitude un peu revêche - et pourtant tellement jubilatoire - pour un come-back après cinq années de quasi-absence, après, aussi, avoir fait faux bond à un autre concert promo en France la veille, le bouillonnant mythe vivant du jazz funk était au rendez-vous, après avoir honoré plus tôt dans la soirée l'invitation du Grand Journal de Canal+. Oh Lord, donnez-nous notre groove quotidien...
Dans le très chic club parisien de l'Arc de Triomphe, dont les colonnes digitales, flashy, arborent la silhouette iconique et logotypique de Jamiroquai, on s'échauffe et on serre les rangs. En fait de concert très privé, il fallait effectivement jouer des coudes, tant en parterre qu'en terrasse VIP, pour avoir vue sur la scène. Peu importait, en réalité : même sans apercevoir le bout de son chapeau, le funk cosmique du héros du soir a cette brillance éblouissante, ce rayonnement stellaire et cette incandescence d'un corps surnaturel pénétrant notre atmosphère. Dès le titre du septième album du groupe, Rock Dust Light Star, le kaléidoscope sensoriel est d'ailleurs annoncé, qu'on explore piste après piste avec addiction.
Ce qui confirme une chose toute simple, que Jay Kay, 40 ans, toute mauvaise foi ou mauvaise humeur mises à part, ne s'est pas privé de revendiquer en interview : "Nous faisons de la musique, pas du marketing." Et force est de constater que cette musique-là coupe l'envie de causer business, s'emparant diaboliquement des hanches, des rotules, de tout ce qui dans un corps est perméable au pouvoir de la vibe.
Sur les coups de 22 heures, démonstration in vivo, en présence de quelque people - Greg Basso, Emilie de Secret Story ou encore... Usain Bolt. L'Eclair jamaïcain et triple champion du monde, qui était la veille l'invité d'une émission télé en Italie, était récompensé lundi par le Grand Prix 2010 de l'Académie des Sports. Vraisemblablement venu fêter l'événement à l'Arc, il a séduit le carré VIP par sa disponibilité et a manifestement apprécié le show.
Dans l'Arc transformée en antre surchauffé s'enchaînent, dispensés par un Jay Kay survitaminé, les nouveaux titres du groupe, extraits d'un Rock Dust Light Star impérialement éclectique, de l'acid jazz le plus aguicheur à une profondeur électro inattendue (typiquement, White Knuckle Ride), s'offrant des flirts rock (Hurtin') et reggae (Hey Floyd). Au détour de ces nouveaux fragments cosmiques tels que Blue skies - single estampillé soul sixties revue à la sauce Jami' -, Lifeline - épais et chaudement cuivré, prétexte idéal pour un morceau de bravoure de la trompette -, le sidéral She's a fast persuader et sa ligne de basse éreintante, surgissent quelques good oldies - Love Foolosophy, Deeper Underground - qui provoquent un regain d'ébullition dans le public réellement en transe.
G.J.