Jean Seberg, icône de la Nouvelle Vague : Son premier mari raconte la trahison !

Le destin de François Moreuil, né le 24 janvier 1934, voguant du barreau à l'univers de la télévision, en passant par le cinéma, mérite bien un ouvrage. Le réalisateur et producteur français s'est attelé lui-même à la tâche d'un ouvrage et signe une autobiographie qu'il intitule Flash Back dont nous vous proposons des extraits et des photos.

Dans cette oeuvre, il aborde sa course à travers le monde, démarrant dans la France de l'après-Guerre et croisant les personnalités les plus mythiques au cours d'innombrables fêtes. Il s'attarde également sur sa relation avec l'actrice inoubliable d'A bout de souffle, Jean Seberg, dont il sera le premier mari, qu'il dirigea dans La Récréation et qui le quittera pour Romain Gary. "Mon éducation, ma famille, mon activité professionnelle, tout me dissuadait d'épouser une comédienne," écrit-il, et pourtant, il ne résistera pas à la beauté pure et fragile de Jean Seberg, qu'il rencontre durant l'été 1957.

La vie américaine

A l'époque, elle tournait Bonjour Tristesse, sous la direction d'Otto Preminger, un réalisateur aussi grand que tyrannique. Avec Jean, "tout allait de soi", dit-il de celle qui sera son "premier grand amour". Les débuts semblent simples, il rencontre ses parents dans les terres de son enfance, à Marshalltown dans l'Iowa et prend sa décision : "J'allais vivre avec Jean Seberg." Pour elle, il quitte tout et part à New York après avoir vidé son compte en banque.

Des nuages noirs dans sa relation avec Jean Seberg apparaissent tout d'abord en raison de la relation de l'actrice avec le réalisateur Otto Preminger : "Déjà très vulnérable, elle était terrorisée par le traitement de Preminger." Il était d'ailleurs surnommé le Führer. A cause de lui, elle faisait "des cauchemars d'une violence inouïe et se réveillait terrifiée". François Moreuil décrit sa compagne comme un être "instable", "imprévisible", qui peut se mettre à quitter un dîner soudainement, brusquement.

Dans les médias aux Etats-Unis, François Moreuil est présenté comme le French Lover de Jean Seberg. Pour l'annonce de ses fiançailles avec la comédienne, il accepte de faire une séance photo pour la presse. Toutefois, sa patience à ses limites et quand une journaliste de Harper's Bazaar veut les prendre en photo alors qu'il coupe les cheveux de sa bien-aimée, le futur mari jette à la porte la reporter.

Du mariage à l'adultère

Le mariage a lieu le 5 octobre 1958, le jour anniversaire de celui des parents de François Moreuil. Ces derniers sont d'ailleurs opposés à l'union, l'estimant trop précipitée et finissent par ne pas venir à la cérémonie. L'auteur se souvient de son mariage, avec comme invités principalement des connaissances de sa femme, ainsi : "Dans ce cadre pittoresque, Jean, splendide, détonnait. Guy Laroche nous avait fait un superbe cadeau. Il avait dessiné puis envoyé sa robe de mariée, coupée dans une épaisse soie coquille d'oeuf, épousant sa taille de guêpe. Je la regardais ébloui, fou d'elle. Mais que sait-on d'un tel serment à 24 ans ?"

Tout pourrait être parfait mais plane l'ombre du tyran Preminger qui usait l'émotivité exacerbée de la jeune femme : "Je ne supportais pas que cet homme exerce son despotisme, même à distance, sur mon épouse si fragile," écrit Moreuil. Il décide alors de demander à Columbia, avec qui Jean est sous contrat, de lui permettre de jouer ailleurs, notamment pour Jean-Luc Godard dans A bout de souffle avec Jean-Paul Belmondo. Il réussit, Jean tourne dans l'oeuvre culte du réalisateur français et obtient enfin le succès qu'elle mérite en devenant icône de la Nouvelle Vague.

Vient la rencontre avec Romain Gary, auteur de la sublime Promesse de l'aube. Le couple et l'écrivain se rencontrent lors d'un dîner en Californie. Anecdote révélatrice, Romain Gary veut essayer les mocassins de Moreuil : "Médusé, j'obtempère, visiblement Gary se sent bien dans mes pompes !" Et avec sa femme ! Pour Jean, il représentait le "héros par excellence". Jean est séduite et trompe son mari : "Je ne pouvais imaginer que celle que je voyais comme une sage et fragile petite fille, céderait aux sirènes de l'infidélité avec un homme de quelque trente ans son aîné. Pourtant, je ne l'appris que plus tard, elle avait déjà eu d'autres histoires extraconjugales, avec Dennis Hopper en Californie", par exemple.

De retour à Paris, François Moreuil décrit Jean Seberg comme différente, sans savoir à l'époque qu'elle était avec un autre. Ses crises d'hystérie entraînent l'auteur à conduire sa femme à l'hôpital américain de Neuilly. Malgré l'obligation de l'actrice de ne voir personne, Romain Gary parvient à se faire passer pour un médecin en enfilant une blouse et la visiter, tous les jours ! Une fois sortie de sa cure, "tout dialogue avec moi devint impossible", explique Moreuil. Le tournage de sa réalisation La Récréation est un enfer quand il apprend la vérité : "Notre bonheur aura été aussi intense que la douleur qui m'étreint désormais," dira-t-il dans Paris Match du 3 mars.

Le 17 janvier 1961, il apprend à la radio que son épouse divorce et qu'elle a obtenu le divorce à Las Vegas pour "cruauté mentale". Son père, ancien de la France Libre comme Gary, tente de mettre un terme à l'adultère. En vain. François Moreuil finit par jouer des poings en se déchaînant sur l'écrivain comme une brute. En vain aussi. Mais il s'en remettra.

La mort de Jean Seberg

"Jean divorça de Roman Gary huit ans plus tard. Je ne la revis plus jamais de son vivant." Dans Paris Match, il précise toutefois : "Je ne l'ai jamais revue jusqu'à un soir où ma seconde épouse et moi la croisons chez Castel. Elle est méconnaissable, défaite." Dans son livre, il raconte : "Après avoir brièvement épousé le fils d'un metteur en scène américain black listed pour ses opinions trop radicales, puis un Algérien assez louche, elle mit fin à ses jours. La police la retrouva une semaine plus tard à l'arrière de sa voiture, dans une impasse du XVIe arrondissement."

Le rapport de police indique qu'elle a succombé le 30 août 1979 à une surdose massive de barbituriques mais aussi d'alcool (8,2 g par litre de sang) et conclut au suicide au terme de l'enquête, d'après le livre Jean Seberg - Portrait Français de Maurice Guichard. Elle est enterrée au cimetière du Montparnasse et lors de l'ultime hommage, Jean-Paul Belmondo lui donne la preuve de son amitié : "Quand il m'aperçut, il quitta le cortège et la place qu'il occupait à côté de Romain Gary pour venir se poster silencieusement à mes côtés." Quant à sa peine, François Moreuil la décrit en ces mots : "Elle tenait davantage de la compassion mêlée à la nostalgie que l'on ressent pour un ancien amour."

Flash Back de François Moreuil, édition France Empire, 334 pages, dans les librairies depuis le 17 février au prix de 22 euros.