Justin Timberlake en fait une des meilleures chanteuses du moment ("un amour, il m'a donné des tas de conseils", se souvient-elle), et la petite bombe yankee Nicki Minaj est carrément tombée amoureuse d'elle, de son organe autant que de son personnage : Jessie J est la popstar émergente en Grande-Bretagne, comparée à Lady Gaga pour d'évidentes raisons - une excentricité presque dérangeante, une sexualité harassante, une agressivité fascinante, une culture du détail hallucinante. Une Lady Gaga qui aurait beaucoup traîné avec les kings du grime plus qu'avec RedOne. D'ailleurs, c'est une des rares confidences de Jessie J à propos de son premier album, Who you are, attendu fin mars : "Je rappe par moments."
A 22 ans, Jessica Cornish, alias Jessie J, est enfin sur la rampe de lancement, bombardée number one de la draft musicale annuelle outre-Manche : le BBC Sound of 2011 Poll, un panel de 160 professionnels qui consacra par le passé les débuts d'Ellie Goulding, de Little Boots ou encore d'Adele, et qui livrait le 7 janvier dernier sa liste des talents à suivre pour l'année à venir. Il ne s'agissait d'ailleurs pas du premier jalon de cette success story naissante, puisque Jessie J, sur la déferlante de son premier single Do it like a dude (300 000 unités vendues à ce jour !), avait raflé le prix de la critique lors des Brit Awards 2010. Depuis, elle a ajouté une place de dauphine dans le palmarès des révélations établi par MTV.
Vous demandez pourquoi "enfin" alors qu'on vous en parle pour la première fois ? La raison est simple : castée dès ses 11 ans, âge où elle s'est fait virer de la chorale pour chanter trop fort, pour jouer dans une comédie musicale du pape du genre Andrew Lloyd Webber, active dans un girlsband à 17, elle aurait dû confirmer ses prédispositions en publiant un premier album avant ses 20 ans... si le label qui l'avait signée n'avait pas eu la malheureuse idée de faire faillite. Et quel est le filon quand on est sur le carreau et qu'on a du talent de songwritrice à revendre, mais zéro notoriété pour se vendre avec ? Offrir ses compos à des artistes installés : Miley Cyrus (Party in the USA - qui lui a permis de s'acoquiner avec les producteurs Dr. Luke et Claude Kelly, qu'on retrouve sur son album), Justin Timberlake, Chris Brown (qui lui a offert ses premières parties européennes), Alicia Keys, Christina Aguilera... Pas mal comme carnet pour se faire repérer. Ajoutez un petit placement produit, avec la présence de son titre Sexy Silk au générique de la teen-comédie Easy A, le package est complet.
Témoin qu'un cap a été franchi : son tube surprise Do it like a dude, dont vous découvrez le clip plein de... testostérone (normal, le morceau, dont son auteure rappelle qu'il est avant tout "marrant", parle des mecs du showbiz), avait à l'origine été écrit pour... Rihanna, mais Jessie J a décidé de le garder pour elle. Nice pick, dude.
Difficile, après avoir découvert ses deux premiers singles (Price Tag, en duo avec la sensation B.o.B., vient de sortir), de savoir à quoi s'attendre avec Jessie J. Elle sait rapper, elle sait chanter, elle sait jouer les délinquantes de l'entertainment avec une imagerie rugueuse : on peut logiquement espérer un patchwork assez explosif. L'intéressée a annoncé des ondes dance, R&B, reggae, etc. Ce dont on peut être certain, c'est qu'avec cette nouvelle venue à l'hygiène de vie irréprochable depuis qu'elle a fait une attaque à l'âge de 18 ans en raison d'une anomalie du rythme cardiaque, il va falloir avoir le coeur bien accroché. Reste-t-il de la place sur le créneau du too much pour une petite Anglaise qui n'a pas vendu son âme pour crever l'écran ?
G.J.