Jimmy Savile à Londres, le 18 mai 2009.© Abaca
Autant apprécié pour ses engagements humanitaires que pour ses émissions jeunesse cultes (Top of the Pops, par exemple), Jimmy Savile n'était pas seulement la star de la BBC, c'était un héros national. Il fréquentait le prince Charles, et Margaret Thatcher a longtemps oeuvré pour le faire décorer, mais Jimmy Savile était un prédateur sexuel, un pédophile qui aurait fait plus de 300 victimes. Il meurt en 2011 avant la révélation de ses crimes pour lesquels il ne paiera jamais. Ce n'est pas le cas de son neveu, Michael Johnson, condamné à quatre ans de prison en 1986 pour avoir agressé une jeune fille de 14 ans. Ce neveu a payé sa dette à la société et vit aujourd'hui avec le poids de son crime et celui, insupportable, des crimes de son oncle.
L'affaire Jimmy Savile a traumatisé tout le Royaume-Uni. Depuis, Scotland Yard enquête sur ses "amis" et l'existence possible d'un réseau pédophile au sein même de la BBC. Des têtes sont déjà tombées. À la suite des révélations scabreuses de l'affaire, la famille de Jimmy Savile décidait de faire tomber l'imposante stèle qui ornait sa sépulture. Michael Johnson, son neveu, faisait partie de ceux qui ont pris cette décision par respect pour les innombrables victimes de Savile.
La honte et le dégoût
Ancien propriétaire de discothèque, âgé de 67 ans, Michael Johnson révèle aujourd'hui dans un communiqué le dégoût que lui inspirent son crime et ceux de son oncle : "En tant que membre de la famille de Jimmy Savile, je partage moi aussi ce sentiment de déception et de consternation devant la gravité des accusations qui pèsent sur lui depuis sa mort. C'est depuis un fardeau pour moi et pour mes proches." Johnson exprime sa profonde compassion pour les victimes de Jimmy Savile et révèle un triste épisode de son existence : "Ce communiqué a pour objet ma propre condamnation, il y a près de trente ans, pour une agression sexuelle contre une jeune fille de 14 ans pour laquelle j'ai fait deux ans et demi de prison. Je peux difficilement exprimer le dégoût et la honte que je ressens encore aujourd'hui et l'immense tristesse que j'éprouve pour cette personne."
"Depuis ma libération, je me suis réinséré et grâce au pardon de ma famille, j'ai pu reprendre ma vie et m'épanouir professionnellement tout en essayant de tirer un trait sur cette période de ma vie. J'espère sincèrement pouvoir continuer à vivre en paix sans devoir faire face, de nouveau, aux traumas du passé ou souffrir de mon lien de parenté avec Jimmy Savile. Ce lien qui a dévasté notre famille comme l'ont été ceux qui l'admiraient."
L'oncle Jimmy
En 1995, Michael Johnson rencontre Karen Davidson, celle qui sera son épouse jusqu'en 2006. Elle ne découvrira la condamnation de son mari que lorsqu'ils se battront devant la justice pour la garde de leur enfant. "Les services sociaux ont mené une évaluation et j'ai été horrifiée d'apprendre qu'il avait été envoyé en prison en 1986, avant que je ne le rencontre, pour agression sexuelle sur un enfant", a raconté l'ex-épouse dans la presse anglaise. Elle a également évoqué les visites à "l'oncle Jimmy" : "Il me foutait les jetons. Un jour, il n'a pas arrêté de me demander de venir sur ses genoux et il m'attrapait. C'était dégoûtant."
En 2006, l'enquête de ses services sociaux a conclu que Michael Johnson ne présentait qu'un risque faible pour la communauté.
