C'est le scandale médiatique et judiciaire qui a agité la Grande-Bretagne ces derniers mois. Le défunt animateur vedette de la BBC Jimmy Savile a agressé sexuellement et violé plus de 300 personnes durant 50 ans, comme le révèle en octobre dernier un documentaire diffusé par ITV, la chaîne concurrente de la BBC. Scotland Yard reçoit alors des centaines de plaintes et ouvre une enquête de trois mois, dont le rapport vient d'être publié vendredi 11 janvier. Ce dernier est accablant pour l'ex-star décédée en 2011 puisqu'il dresse le sordide portrait d'un prédateur sexuel redoutable ayant commis 214 actes criminels dont 34 viols (28 sur des enfants) entre 1955 et 2009.
Selon la police, Jimmy Savile aurait sévi dans sa ville natale de Leeds, à Londres, dans les locaux de la BBC, ainsi que dans des écoles et treize hôpitaux dont des centres psychiatriques et un centre de fin de vie. Parmi ses nombreuses victimes, la plus jeune était un garçon de huit ans seulement. La plupart d'entre elles étaient cependant des jeunes filles entre 13 à 16 ans. Le rapport décrit également le mode opératoire de celui qui avait été anobli par la reine Elizabeth II. Il aurait sévi "quand l'occasion se présentait" mais certaines ont été "planifiées" : "Il a passé chaque minute de chaque journée à penser à cela (...) il sélectionnait des victimes vulnérables (...) dont il savait qu'elles ne parleraient pas", explique David Gray qui a dirigé l'enquête de la Metropolitan Police. D'après le rapport, l'ex-animateur d'émissions pour enfants a "bâti toute sa vie professionnelle de manière à avoir accès à des enfants sans défense."
Figure populaire et excentrique, Jimmy Savile avait déjà été inquiété et visé par des plaintes en 2009, mais les poursuites avaient été abandonnées. Une décision pour laquelle la justice britannique s'est excusée auprès des victimes et de leurs familles : "Je voudrais saisir cette occasion pour présenter mes excuses pour les manquements du Parquet", a déclaré le directeur des poursuites publiques (DPP) Keir Starmer, espérant que l'affaire "marquera un tournant décisif." De son côté, la BBC a exprimé sa "consternation" et a présenté ses "excuses sincères aux victimes", dans un communiqué publié vendredi.