Son nouvel album, Terrien, est définitivement encré dans l'époque. Pour son 39e opus - il en a sorti 26 en studio et 13 en live -, Julien Clerc a décidé d'aborder toutes les thématiques sociales qui font débat en ce moment. Le Brexit, bien sûr, puisqu'il a vécu cinq ans à Londres avant de s'être rapatrié en famille à cause de la pandémie de Covid-19, mais aussi le réchauffement climatique, la dépression ou les agressions et violences sexuelles ciblant les femmes. Et n'allez pas lui dire que, fut un temps, ces nombreux méfaits étaient acceptables. Le chanteur est catégorique : ils auraient été commis de toute façon, qu'importe l'année.
Je n'ai pas supporté certaines scènes
"J'ai eu beau connaître une époque où tous les abus étaient permis, je suis toujours resté raisonnable, même si je vois bien que l'infidélité choque plus les jeunes femmes d'aujourd'hui, explique Julien Clerc au journal Le Point. J'ai été bien élevé. Mon père ne mésestimait pas les femmes, et je n'ai vécu qu'avec des femmes fortes, donc été sensibilisé très vite au féminisme. Je n'ai jamais osé le dire à Miou-Miou, mais j'ai quitté la salle au milieu du film Les Valseuses : je n'ai pas supporté certaines scènes. J'ai eu la chance de connaître Gisèle Halimi et de vivre de près les grands procès de viol, donc je trouve que #MeToo, c'est bien. Et puis je comprends que les femmes puissent toujours souffrir du patriarcat."
Julien Clerc a rencontré Miou-Miou en tournant avec elle dans le film D'amour et d'eau fraîche, en 1975. Ils ont eu, ensemble, une fille nommée Jeanne. Mais quand ils sont tombés amoureux, les deux artistes n'ont pas eu la vie simple : le chanteur avait été un peu refroidi par la performance de son aimée dans Les Valseuses et elle était en couple avec Patrick Dewaere. Il est vrai qu'à l'époque, le film de Bertrand Blier avait fait scandale. Outre son côté insolent et anti-bourgeois, le long-métrage mettait en scène des séquences érotiques sulfureuses et un poil gênantes - dont la perte de la virginité d'Isabelle Huppert, très jeune adolescente, dans une sorte de tournante improvisée.
S'il aime prendre part au débat, Julien Clerc ne compte pas modifier son répertoire pour autant. Son titre Matez ma métisse, avec tout le recul possible et inimaginable, reste pour lui une fierté. "Je suis descendant d'esclaves, j'en ai toujours été fier, rappelle-t-il. Quand le monde a péché, il faut le dire et le souligner, mais sanctionner Les Aristochats ou abattre les statues, c'est absurde. On ne peut pas rattraper le mal qui a été fait, il vaut mieux s'en servir pour raconter et éduquer, non ?"
Retrouvez l'interview de Julien Clerc dans le journal Le Point du 18 février 2021.