Surveillé et/ou courtisé par certaines écuries européennes, Laurent Blanc a finalement quitté dimanche dernier le fief du Haillan et le navire mal en point des Girondins de Bordeaux pour devenir le nouveau sélectionneur de l'équipe de France.
Parmi les clubs qui auraient aimé enrôler le champion du monde 1998, les Espagnols du FC Séville ont chimériquement espéré jusqu'au bout... tout en sachant qu'ils ne pourraient honorer les demandes du "Président", notamment financières : mais la Fédération Française de Football, elle, a mis la main à la poche.
Pour reprendre le flambeau de la sélection nationale après la Coupe du Monde, Laurent Blanc sera rémunéré à hauteur de 100 000 euros par mois, primes non incluses. Voilà ce que prévoit, selon le magazine Le Point en kiosques demain, le contrat de deux ans reconductible en cas de bons résultats finalisé vendredi 14 mai sous la supervision de l'agent de l'entraîneur Jean-Pierre Bernès - également agent de son copain Didier Deschamps, ou encore de joueurs comme Alou Diarra, qui pourrait, par une heureuse coïncidence, quitter des Bordelais privés d'Europe la saison prochaine pour rejoindre les Marseillais champions de France.
Autant dire que pour recruter Lolo, la Fédération a revu les émoluments du sélectionneur national à la hausse : Raymond Domenech perçoit, pour ce même poste, 46 600 euros par mois. Faites le calcul : cela représente une augmentation de 115% par rapport au salaire de son prédécesseur ! A cela, on ajoutera les deux millions d'euros réclamés par Bordeaux au titre du rachat de la dernière année de contrat de leur entraîneur partant...
Il vaudrait mieux que le retour sur investissement (un investissement à 215%, donc !) se fasse sentir, d'autant que les circonstances de la nomination de Laurent Blanc ont des répercussions néfastes au sein des arcanes du foot français. Si Raymond Domenech a fait preuve de réserve en signalant que le timing de cette nomination pouvait déstabiliser ses joueurs, d'autres ont eu moins de tact.
Jean-Michel Aulas, le président provocateur de l'OL, n'a pas hésité à insinuer que l'incroyable naufrage de fin de saison des Girondins de Bordeaux (larges leaders avant la trêve, 7e à l'arrivée !) est imputable à une déstabilisation liée à la cour faite à Blanc par la Fédération : "À la trêve, ils avaient 10 points d'avance sur l'OM et 14 sur nous, explique le patron lyonnais dans L'Equipe. Ils ont une bonne équipe, un bon entraîneur et un bon président. Il s'est bien passé quelque chose".
Quant à Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6 et principal actionnaire de Bordeaux, il a fustigé l'attitude "inacceptable" de la Fédération : "Cela a contribué à pourrir la deuxième partie de la saison des Girondins. Nous attendons qu'il y ait réparation par ceux qui ont commis une erreur".
Ambiance, ambiance...