

Aussi célèbre que les soirées blanches du regretté Eddie Barclay, aussi fréquenté que la Place des Lices, aussi mythique que La Madrague de Brigitte Bardot, la terrasse du Sénéquier aux 180 tables rouges fait partie de la légende de Saint-Tropez. Cette semaine, cette institution quitte le giron familial des Sénéquier pour être repris par l'homme d'affaires Thierry Bourdoncle, un Auvergnat à la tête d'une vingtaine d'établissements parisiens, comme le prestigieux Pub Saint Germain. Une page de l'histoire tropézienne se ferme, un nouveau chapitre s'ouvre.
La transaction avec l'héritier de la quatrième génération de la famille Sénéquier, Jean-Denis Sarraquigne, sera officialisée ce mardi 30 octobre a indiqué à l'AFP Thierry Bourdoncle. Cet homme d 'affaires discret se félicite d'avoir mis la main, pour un montant tenu secret, sur cet "objet de collection" qu'est le Sénéquier, "un de ces cafés qui a fait la réputation du café à la française".
L'histoire du Sénéquier, fréquenté par le tout Saint-Tropez, commence en 1887. Marie et Martin Sénéquier ouvrent leur première boutique, une pâtisserie, dont la spécialité est le nougat mou précise l'AFP. Ce nougat devient célèbre dans le monde entier. Dans les années 30, la deuxième génération Sénéquier investit le port et ouvre le célèbre café et sa terrasse. En 1944, les bombardements allemands dévastent les lieux. En 1951, reconstruit à l'identique, le Sénéquier renaît de ses cendres sous l'impulsion de la troisième génération. C'est à cette époque que le café, anciennement fréquenté par Matisse et Picasso, retrouve tout son glamour. Dans le film culte Et Dieu créa la femme, Brigitte Bardot est une habituée de sa terrasse.
Depuis, l'établissement n'a rien perdu de son pouvoir d'attraction. Jacques Chirac y vient chaque été. L'ancien président aime s'y attabler et regarder les vacanciers défiler sous ses yeux. Karl Lagerfeld y a organisé l'un des défilés Croisière de la maison Chanel... Reste à savoir ce que son nouveau propriétaire entend faire des lieux. Thierry Bourdoncle a estimé que l'établissement vivait "un peu sur sa renommée", mais n'a pas précisé comment il souhaitait développer le mythique Sénéquier.