La mythique actrice française Leslie Caron, 79 ans, a quasiment fait toute sa carrière à Hollywood à partir des années 50. Après un premier film mythique - Un Américain à Paris, de Vincente Minelli, avec Gene Kelly (voir la bande-annonce ci-dessus), dont elle a récemment fêté les 60 ans de la sortie à Hollywood -, elle a poursuivi une carrière parsemée de succès - Histoire de trois amours, Lili (nomination à l'Oscar de la meilleure actrice et BAFTA de la meilleure actrice en 1954), Gigi, Austerlitz, Fanny, La chambre indiscrète (Golden Globe de la meilleure actrice et nomination à l'Oscar en 1964), Paris brule-t-il ?, L'homme qui aimait les femmes, Fatale, Le Chocolat ou Le Divorce - et de rencontres - Alain Delon, Judy Garland, Fred Astaire, François Truffaut, Warren Beatty, Ingrid Bergman, Jean Renoir ("le plus proche de moi, et vice-et-versa").
Aujourd'hui, la légendaire actrice au regard vert perçant nous livre tous ses souvenirs, ses joies et ses peines, à travers ses mémoires baptisées Une Française à Hollywood, et qui sortiront le 18 mai aux éditions Baker Street.
Écrites en anglais et d'abord sorties aux États-Unis - "Comme je n'ai fait presque que des film américains, les gens pensent que je suis une actrice américaine", confie-t-elle dans un entretien accordé à Vogue -, ces mémoires ont été traduites et se trouvent très riches en souvenirs passionnants et anecdotes méconnues. Comme l'explication de son succès outre-Atlantique : "Très souvent, je trouve que les choses tombent bien. Est-ce grâce à un ange gardien ? J'y crois en fait beaucoup, aux anges gardiens... Il faut être à l'écoute. Il y a des signes, des choses qui vous arrivent : il faut écouter."
Elle y dévoile aussi son arrivée aux États-Unis, juste après la guerre, alors qu'elle n'avait que 18 ans. Elle avait été repérée par Gene Kelly (pour Un Américain à Paris) alors qu'elle était danseuse à Paris dans les ballets de Roland Petit, et elle avait alors traversé l'Atlantique avec sa mère. Elle se rappelle dans les page de Vogue : "Ma mère est rentrée à Paris très vite, me laissant seule alors que j'avais une mononucléose. C'était assez son genre. Je n'ai jamais compté sur mes parents, c'est même plutôt l'inverse qui s'est produit. (...) Me retrouver seule à Hollywood était très, très dur. La solitude affective était terrible. Je sentais un gouffre entre ces gens qui n'avaient pas eu à vivre avec les soldats allemands, avec le danger qu'ils représentaient, et moi qui sortais de la guerre. Paris était devenue une ville allemande. Et puis les couvre-feux, les devantures de magasins vides, plus rien à manger, des queues pour se procurer la moindre chose, porter les vêtements du frère aîné qui, lui, portait les vêtements rapiécés de son père, avoir froid, dormir avec son manteau... Alors, débarquer à Hollywood après cette sinistrose, cette noirceur, et voir que tout le monde roule en Cadillac et mange des T-Bone steaks... On se sent soudain très seul."
Concernant ses amours, et notamment Warren Beatty dans les années 60 : "Warren avait un agenda : il voulait tout simplement séduire toutes les femmes qu'il pouvait. Après moi, il a continué jusqu'à ce qu'il rencontre Annette Bening, qui lui a passé un lasso autour du coup. Séduire, c'était sa mission dans la vie."
Même si elle a fait partie du grand Âge d'Or d'Hollywood, Leslie porte un regard bienveillant sur le cinéma d'aujourd'hui : "L'évolution technique est fabuleuse, inouïe. On peut jouer plus vite, faire beaucoup de choses qui n'étaient pas possibles avant. Les caméras allaient droit, c'était très primitif quand je suis arrivée."
Ayant connu une grande dépression à l'aube de la soixantaine, Leslie revient sans langue de bois sur les différentes étapes de sa vie romanesque. Une vie qu'elle nous livre donc aujourd'hui avec ses passionnantes mémoires : "Écrire les bons moments était très gai, les mauvais, plus douloureux. Mais je suis heureuse de laisser ce témoignage d'un époque à mes enfants et petits-enfants."
Une Française à Hollywood, les mémoires de Leslie Caron seront disponibles à partir du 18 mai aux éditions Baker Street.
Et pour découvrir en intégralité cette fascinante interview de Leslie Caron, rendez-vous dans l'édition française du magazine Vogue, actuellement en kiosques.
A.I.