Après avoir réinventé Jennifer Ayache en pin-up rétro pour le dixième anniversaire de Superbus et avoir couvert d'un tendre sépia les amour bucoliques de Charlie Winston et Audrey Tautou (I Love Your Smile), l'excellent Mark Maggiori, auteur des clips vénéneux du duo Brigitte dont son ex-épouse Aurélie Saada est une moitié, replonge dans le vintage avec, cette fois, Leslie.
Expatrié à Los Angeles, l'ex-Pleymo emmène la charmante chanteuse de 27 ans au contact des vestiges de l'âge d'or révolu d'Hollywood dans la jungle contemporaine de la Cité des Anges, pour Des Mots Invincibles, single-titre du nouvel album de Leslie, à paraître. Nul lieu ne semblait en effet plus indiqué qu'Hollywood, machine à rêves et triangle des Bermudes où bien des destins se sont abîmés, pour accueillir l'action du clip de cette complainte, entraînante bien qu'amère, sur les affres du starsystem et l'envers peu reluisant du décor : "La gloire est brève/Et la chute est terrible/On a tous envie/D'éclairer la nuit/Un jour/D'un destin exceptionnel/Mais au paradis/Les places ont aussi un prix/A brûler les ailes", chante ainsi Leslie, apportant ses "mots invincibles" en guise de réconfort, dans une pop mélodique et électrique, légèrement électronisée.
Dans un décor évoquant l'Amérique des années 1950 - Maggiori a d'ailleurs filmé Leslie devant le Pink Motel sur San Fernando Road, vestige préservé de cette époque qui accueille nombre de tournages, dont Dexter ou récemment le film Drive de Nicolas Winding Refn -, on regarde la jeune Française faire du covoiturage avec sa voisine, une Marylin Monroe qu'elle dépose sur son lieu de travail, à savoir un trottoir où elle s'exhibe parmi d'autres sosies de stars hollywoodiennes, devant le coffee shop suranné où Leslie, dans un uniforme iconique, officie. De là, elle verra son amie se faire molester par de jeunes touristes indélicats, et se réfugier, consolée par un Charlie Chaplin, dans le coffee shop, où Leslie prendra sa défense contre un Superman en rogne. "Les images qu'on décolle sur les murs/Sont autant de destins qu'on fissure", chante encore Leslie, et il y a presque un caractère documentaire dans la manière dont Mark Maggiori organise et capte ces stigmates du rêve hollywoodien, dans une image grainée au goût authentique. Premier chapitre d'un album qui oscille entre "l'espoir fou d'un avenir meilleur et la désillusion ambiante, le soleil revenu et les amours déconvenues".