En août dernier, il s'était confié sur sa terrible et difficile situation au magazine France Dimanche : deux mois plus tard, c'est avec une profonde tristesse que nous apprenons aujourd'hui, jeudi 6 novembre, la mort de Manitas de Plata, guitariste virtuose qui a popularisé le flamenco en France.
L'artiste, Ricardo Baliardo de son vrai nom, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l'âge de 93 ans, dans la maison de retraite où il avait été placé. Si les causes de sa mort n'ont, à cette heure, pas été officialisées, l'homme aux "petites mains d'argent" (signification de son nom de scène) était gravement touché par la maladie (il avait été hospitalisé en avril dernier pour des problèmes de tension), à tel point même que, grandement invalide, il se déplaçait exclusivement en fauteuil roulant.
Né en 1921 dans la roulotte familiale à Sète, dans l'Hérault, Manitas de Plata a maîtrisé très tôt les rouages de la guitare sans même savoir lire une note : dès 9 ans et encouragé par son oncle, le jeune Ricardo utilisera la musique comme revenu d'appoint, principalement durant les mois d'été, où il jouera aux terrasses des cafés.
Devenu maître en la matière, le jeune gitan sera rapidement propulsé sur le devant de la scène médiatique. Dans les années 1970 et 1980, il fréquentera en effet de manière assidue les plateaux télé et côtoiera les plus grands de ce monde, allant de Jean Cocteau à Brigitte Bardot en passant par Picasso et Dali. Consécration ultime, Manitas de Plata, qui fut considéré un temps comme l'artiste européen le plus connu au monde (il a enregistré pas moins de 80 disques et a vendu 93 millions d'albums aux quatre coins de la planète), jouera même à New York, sous l'impulsion du photographe Lucien Clergue, où il triomphera au prestigieux Carnegie Hall.
Mais malgré ce succès fulgurant, c'est un Manitas de Plata sans le sou qui avait ouvert la porte, en août dernier, de son petit 24 m² situé à la Grande-Motte au magazine France Dimanche. Affaiblie et ruinée, comme elle l'avait déjà confié un an plus tôt au Midi Libre au cours d'un entretien émouvant, la star des gitans révélait n'avoir même pas les moyens de payer le dispositif médical dont il avait besoin pour vivre au quotidien. Une situation de détresse totale expliquée par le trop-plein de générosité dont l'artiste a fait preuve toute sa vie durant. Amateur de grosses voitures et volontiers flambeur, le génial guitariste a en effet consacré ses confortables revenus à l'entretien de sa "tribu" - soit 80 personnes vivant de ses subsides, femmes, enfants, oncles, neveux, aujourd'hui orphelins de leur célèbre patriarche.
Le musicien gitan le plus connu du moment, Kendji Girac, gagnant de The Voice 3 sur TF1, n'a pas manqué de faire part de son émotion à l'annonce de la disparition de Manitas de Plata, sur son compte Twitter.