Combattant de la Libération, pilote automobile puis homme d'affaires, le prince Michel de Bourbon, prince de Parme, est mort le 7 juillet 2018 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), à l'âge de 92 ans, deux ans après le décès de sa soeur aînée Anne de Roumanie.
Né à Paris le 4 mars 1926, troisième enfant du prince René de Bourbon-Parme (frère de l'impératrice Zita) et de la princesse Margrethe de Danemark (petite-fille du roi Christian IX), le prince Michel de Bourbon-Parme avait connu à l'adolescence l'exil avec sa famille, fuyant les Nazis et s'expatriant à New York en 1940. Après un bref passage dans un internat jésuite à Montréal, il avait intégré en 1943, à 17 ans, les rangs de l'armée américaine, contre l'avis de ses parents. "Ils ont essayé de m'en dissuader, mais je voulais chasser Hitler de France", avait-il plus tard confié dans un entretien avec le Palm Beach Daily News, journal de la ville de Floride où il vécut longtemps, propriétaire d'une résidence sur Pendleton Avenue.
Formé à Fort Benning, "l'endroit le plus chaud de la Terre" à ce moment-là, à partir de juillet 1943 et sorti de l'académie militaire en décembre, il avait été approché par un recruteur des OSS (Office of Strategic Services), ancêtre de la CIA, William Casey - qui allait devenir, précisément, le directeur de la fameuse agence américaine. "Il m'a dit que je voyagerais beaucoup et que je serais probablement dans le feu de l'action très vite. J'ai demandé combien c'était payé, il m'a répondu que c'était le double de ce que je gagnais alors. J'ai dit : "J'en suis"", s'était-il remémoré au cours de la même interview.
Ce genre d'expérience vous change à tout jamais
Après un entraînement aux opérations secrètes à Camp David, le prince Michel avait été parachuté le 8 juin 1944 en France, dans le Massif Central, dans le cadre de l'opération Jedburgh - des commandos interalliés, au total 279 soldats, avaient été parachutés par groupes de trois derrière les lignes allemandes pour ravitailler et former les maquis et coordonner des actions de la Résistance.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le prince Michel se porte volontaire pour l'Indochine et intègre la Force 136 (émanation du SOE - Special Operations Executive - britannique), qui mène le même type d'actions de soutien aux forces de résistance en territoires occupés. Fait prisonnier, avec cinq camarades, en août 1945 dans la région de Hue le jour même de son parachutage au-dessus de l'Annam et alors qu'ils rassemblaient les vivres parachutées avec eux, il parvient à s'échapper au bout de huit mois de captivité et fuit à travers la jungle vers le Laos - une évasion dont ils ne seront que deux survivants. Démobilisé à l'âge de 20 ans avec le grade de lieutenant, le prince Michel de Bourbon-Parme a été décoré (médaille de la Résistance, Croix de guerre avec palmes, Croix du combattant volontaire, Bronze Star Medal (US), Military Cross (UK), insignes d'officier de la légion d'honneur) et a raconté ses faits d'armes dans deux ouvrages, En parachute (1949, Presses de la Cité) et Un prince dans la tourmente, son autobiographie, dont la rédaction a été suggérée par son fils Charles-Emmanuel, parue en 2010 chez Nimrod. "C'était merveilleux de revoir ma famille, mais j'étais une personne différente de celle qui était partie. Ce genre d'expérience vous change à tout jamais", s'était-il souvenu à propos de son retour à la vie civile.
Après le prince soldat, le prince pilote : Michel de Bourbon-Parme a par la suite été pilote de course automobile, participant notamment aux 24 Heures du Mans à deux reprises et se classant 2e du Tour de France auto 1964. Entre-temps, il avait épousé en 1951 la princesse Yolande de Broglie-Revel, union dont sont issus cinq enfants : Inès (1952, décédée en 1981), Eric (1953), Sybil (1954), Victoire (1957, décédée en 2001), et Charles-Emmanuel (1961). D'une relation hors mariage avec Laure Le Bourgeois, le prince était également le père d'Amélie de Bourbon-Parme, qui épousa en 2009 Igor Bogdanov et lui donna deux fils (Alexandre, né en 2011, et Constantin, né en 2014).
Divorcé en 1999 de la princesse Yolande, dont il était alors séparé de longue date, le prince Michel de Bourbon-Parme, qui fut dans la deuxième - longue - partie de son existence homme d'affaires, s'était marié en secondes noces en Floride avec la princesse Maria Pia de Savoie, fille aînée du roi Humbert (Umberto) II d'Italie et ex-femme (divorcée en 1967) du prince Alexander de Yougoslavie, disparu en 2016. Une veuve qui devait être très entourée et épaulée en ce vendredi 13 juillet 2018, où avaient lieu dans l'intimité familiale les obsèques du prince Michel, célébrées en la cathédrale Saint-Louis des Invalides à Paris par Mgr Antoine de Romanet, évêque aux armées.