Eliezer Wiesel dit Elie Wiesel, rescapé des camps nazis et prix Nobel de la paix s'est éteint samedi 2 juillet à l'âge de 87 ans dans son domicile New-Yorkais, a annoncé le mémorial de l'Holocauste Yad Vashem à Jérusalem.
Fervent militant des droits de l'homme, ayant oeuvré toute sa vie pour soutenir les peuples opprimés à travers le monde, sa voix se soulevant contre la barbarie humaine a sillonné les frontières, mais la tristesse n'a jamais quitté la profondeur de son regard.
Né en 1928 à Sighet, en Roumanie (alors Transylvanie) et issu d'une famille juive orthodoxe, Elie Wiesel est déporté à l'âge de quinze ans à Auschwitz-Birkenau, où sa mère et sa plus jeune soeur périssent dans les chambres à gaz. Transféré à Buchenwald avec son père, il assiste en janvier 1945 à la mort de ce dernier, achevé par un gardien SS.
Orphelin et apatride, il est pris en charge en France par une oeuvre caritative. Il étudie alors la philosophie à la Sorbonne mais hésite à l'époque avec le conservatoire se rêvant comme chef d'orchestre. Mais l'histoire qu'il doit raconter ne peut être dictée par la musique mais par les mots.
Sous l'impulsion de l'écrivain François Mauriac, il couchera sur le papier l'épopée terrifiante vécue au cours de son adolescence, à travers son premier roman, La Nuit, publié en 1958.
Journaliste, historien, philosophe et auteur d'une soixantaine de romans, d'essais et de pièces de théâtre, ce grand témoin de la barbarie nazie fut distingué en 1986 du Prix Nobel de la Paix.
"L'oubli n'est pas une maladie individuelle mais collective", estimait-il. Pour "empêcher l'oubli" et favoriser la compréhension entre les peuples, ce "messager de l'humanité", comme l'a qualifié le comité Nobel, a créé la Fondation Elie Wiesel pour l'Humanité, avec son épouse, et l'Académie universelle des cultures. Citoyen américain depuis 1963, Elie Wiesel a occupé longuement la chaire en Sciences Humaines de l'Université de Boston et partagé sa vie entre les Etats-Unis, la France et Israël.
Depuis l'annonce de la mort d'Elie Wiesel, les réactions se multiplient. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dans un communiqué salué sa mémoire, estimant qu'il était "un rayon de lumière et un exemple d'humanité qui croit en la bonté de l'Homme". Barack Obama a quant à lui rendu hommage au plus célèbre survivant de la Shoah, "il était un mémorial vivant, sa vie et la force de son exemple nous poussent à être meilleurs", a déclaré le président américain. De son côté, François Hollande a salué "la mémoire d'un grand humaniste, inlassable défenseur de la paix".
Rescapé des camps de la mort nazis, Elie Wiesel a consacré sa vie à la lutte contre l'indifférence, l'intolérance et l'injustice. Il était revenu à Auschwitz en 2006 avec la star de la télévision américaine Oprah Winfrey. Il avait aussi accompagné le président Obama et la chancelière allemande Angela Merkel à Buchenwald.
Engagé dans de multiples causes, ce militant humaniste, éternel optimiste avait fait un voeu après la guerre : "que toujours, partout où un être humain serait persécuté, il ne demeurerait pas silencieux".
Par Stéphanie Laskar