Pour parler franchement, cette nouvelle, "c'est de la merde". Jean-Pierre Coffe, chevalier de la gastronomie (et de la Légion d'honneur) et grosse tête grande gueule du paysage médiatique, est mort dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 mars 2016, quelques jours après son 78e anniversaire (24 mars). Il s'est éteint chez lui à Lanneray, commune d'Eure-et-Loir où il s'était installé il y a une quarantaine d'années, et, selon les dernières volontés que son compagnon a autorisé Laurent Ruquier à communiquer, souhaitait que sa disparition ne soit pas immédiatement connue du public... Selon nos informations, il sera incinéré.
"Je crois qu'il n'y a qu'en France qu'on peut commencer un journal en évoquant la disparition d'un critique gastronomique", soulignait – avec une malice qu'aurait sans doute goûtée le défunt – le journaliste Jérôme Chapuis en présentant à 8h le bulletin d'info de la matinale de RTL animée par Yves Calvi. Proche de Jean-Pierre Coffe depuis de longues années, Laurent Ruquier, qui avait employé sa verve acérée dans l'émission On va s'gêner sur Europe 1 avant de l'accueillir dans ses Grosses Têtes sur RTL (rendez-vous auquel Coffe avait déjà participé du temps de Philippe Bouvard), est intervenu pour confier son émotion et partager quelques informations sur la manière dont le pourfendeur de la malbouffe à la langue bien pendue est parti.
Il souhaitait partir sans qu'on en fasse trop. C'est assez curieux parce que c'est l'inverse. C'est raté
"Évidemment [on est tous très émus], et on lui rendra hommage aujourd'hui (mercredi) dans les Grosses Têtes [Jean-Pierre Coffe avait enregistré un nouveau numéro la semaine dernière, NDLR]. Moi, je savais déjà hier (mardi) qu'il nous avait quittés. Il souhaitait partir en toute discrétion, c'étaient ses dernières volontés. Bon, évidemment, l'information a fuité, comme toujours. C'est raté, j'ai envie de dire, parce que de toute façon, la discrétion et Jean-Pierre Coffe, c'est deux choses qui n'allaient pas vraiment ensemble, donc j'avais beaucoup de doute sur le fait que ça puisse rester secret pendant si longtemps. Mais déjà hier, pendant qu'on faisait l'émission, Philippe Geluck et moi, nous savions déjà que Jean-Pierre n'était plus des nôtres. Et aujourd'hui, on fera l'émission en le sachant, toujours, qu'il n'est plus là, mais en lui faisant un hommage. Peut-être qu'il n'aurait pas voulu cet hommage, parce que vraiment, il souhaitait partir sans qu'on en fasse trop. C'est assez curieux parce que c'est l'inverse. C'est raté, j'ai même envie d'en rire parce que je dois dire, je trouve ça presque comique, le fait qu'il ait envie de partir discrètement alors que ça ne lui correspond pas tant que ça, dans l'ensemble de sa carrière", a relaté le maître de cérémonie d'On n'est pas couché, avec un chagrin mêlé d'amusement. Ce qui est révélateur : même disparu, Jean-Pierre Coffe reste ce personnage savoureusement haut en couleur...
Je pense à Philippe Geluck, à Jean Teulé et à Miou-Miou
"Vingt ans que je connais Jean-Pierre Coffe !", s'exclame Laurent Ruquier, rappelant qu'il a été "un homme de télévision, avant tout" et racontant leurs collaborations au fil du temps depuis la première sur France Inter. "J'ai voyagé avec Jean-Pierre, il n'avait jamais vu Venise et m'avait demandé de l'emmener à Venise, poursuit-il. C'est ce que j'ai fait avec Philippe Geluck, qui fait partie de ses proches, de ses intimes, plus que moi encore. Jean Teulé aussi, à qui je pense aussi, et Miou-Miou, qui se sont rencontrés l'un et l'autre chez Jean-Pierre Coffe, grâce à Jean-Pierre. Voilà les gens qui font partie de ses proches et de sa vie intime."
Et lorsque Yves Calvi, évoquant les innombrables témoignages d'affection reçus par RTL au sujet de Jean-Pierre Coffe, demande à son confrère de partager l'image la plus forte qu'il gardera du défunt, il se trouve bien en peine de choisir. Finalement, il mettra en exergue le côté cabot qu'on aimait tant chez lui et qui en faisait ce qu'on appelle "un bon client" des plateaux télé : "On avait un numéro, avec Jean-Pierre. Il faut bien dire les choses comme elles sont même lorsqu'il venait faire la promo de ses bouquins. On oublie que c'était avant tout quelqu'un qui, dès qu'il publiait quelque chose en librairie publiait un best-seller. C'était absolument hallucinant, il était réclamé par les éditeurs, il était fier d'ailleurs, des contrats qu'il pouvait obtenir de chaque éditeur à chaque fois parce qu'il savait qu'il pouvait passer d'une maison d'édition à l'autre sans problème. Et j'ai envie de voir son oeil friser quand je voyais que le numéro commençait à fonctionner et que j'allais le mettre à nouveau en colère mais, de façon complice, évidemment. Et uniquement parce que ça fonctionnait comme ça entre nous."
Le témoignage de Laurent Ruquier sur la mort de Jean-Pierre Coffe est à retrouver sur le site de RTL.
GJ