C'est l'histoire d'un enfant originaire du Nord qui voulait aller à l'école comme les autres. Mais son enfance s'est transformée en calvaire : à 16 ans, il s'immole par le feu, las du harcèlement scolaire qu'il a subi. Brûlé à 72% le 8 février 2011, Jonathan Destin a passé trois mois dans un coma artificiel et subi une vingtaine d'interventions. Onze ans plus tard, il est mort dans son sommeil à l'âge de 27 ans ce 20 août 2022, une terrible annonce que sa mère a faite sur Facebook. En disparaissant tragiquement, il laisse derrière lui des années marquées par la souffrance mais aussi un combat puissant contre le harcèlement, fléau des écoles.
Après avoir survécu à son terrible geste, le fait de s'immoler pour en finir, Jonathan Destin a décidé d'écrire un livre, paru en 2013, Condamné à me tuer. Cinq ans plus tard, TF1 a dévoilé le téléfilm inspiré par son ouvrage, Le jour où j'ai brûlé mon coeur avec Michaël Youn et Camille Cottin dans les premiers rôles. Quand le jeune homme a découvert la fiction nourrie par son vécu, il a confié au Parisien : "C'est beaucoup d'émotions car c'est mon histoire. Et cela fait remonter des choses. J'ai pu voir ce que mes parents avaient vécu quand j'étais dans le coma. Je savais qu'ils avaient beaucoup souffert de ce que j'avais subi et de ma tentative de suicide." Pour lui, le téléfilm permet de sensibiliser un large public à cette épineuse question et surtout, briser le silence.
Quand le harcèlement tourne au cauchemar, une question émerge régulièrement : pourquoi ne pas avoir alerté ses proches ? Jonathan Destin avait expliqué au Parisien ses difficultés : "Je n'ai jamais osé car j'avais honte de ce que je vivais à l'école. Surtout par rapport à mon père : c'est quelqu'un de fort et il ne se serait pas laissé faire. Durant ma 4e, j'ai perdu énormément de poids, 15 kg en deux mois, quand j'ai commencé à être racketté. Je ne mangeais plus que le matin. C'était un appel à l'aide." S'il a reçu l'aide de ses soeurs, cela n'a pas permis d'arrêter le harcèlement qui s'était transformé en racket quand il est allé dans un collège privé.
En interview pour Wéo la télé des Hauts-de-France, Jonathan Destin avait expliqué que personne dans l'encadrement de son établissement ne l'avait aidé. Quand il en a parlé à un professeur, ce dernier lui avait alors répondu : "Ils font ça pour s'amuser." Le jeune homme a dû ainsi accepter qu'on puisse la taper pour s'amuser. Les années ont passé et Jonathan Destin a pu se féliciter du durcissement de la loi contre le harcèlement et la formation des enseignants, surveillants et responsables d'école.
Le leader du groupe Indochine, Nicola Sirkis, lui a rendu un émouvant hommage à la suite de l'annonce de son décès. "Jonathan toujours a tes cotés éternellement", a écrit le chanteur sur Instagram.
Très investi sur la question, Nicolas Sirkis a signé le titre College Boy en 2013 sur le sujet et avait parrainé une campagne contre le harcèlement scolaire de La Voix du Nord. Le harcèlement, tout le monde doit se sentir concerné, enfants, parents et professeurs, mais aussi les harceleurs : "Pour certains, c'est presque normal de l'être. Ils ne se rendent pas compte des conséquences. Il faut arrêter ça", avait déclaré Jonathan Destin au Parisien. Une souffrance que Jonathan Destin, qui avait frôlé la mort, a tenté de mettre au service des autres en luttant et sensibilisant sur le harcèlement, ce véritable fléau. Il avait fondé une association, lui qui espérait devenir pâtissier ou informaticien.